Dans un drap blanc non cousu

On discute encore longtemps avec Samia et Salima. Elles ont une autre activité bénévole, elles réalisent des lavages mortuaires selon le rituel musulman. Quand une personne décède, à la demande des familles, elles font la toilette de la défunte. La défunte, car les femmes ne peuvent laver que des femmes ou des enfants jusqu’à 7 ans. Salima nous explique : « On fait la toilette comme pour un bébé, en faisant très attention au corps, on demande pardon dès qu’on le bouge, la personne doit être propre, on la parfume avec de la fleur de rose, du musc et puis on la drape dans un tissu blanc non cousu de la tête au pied.  »
La famille de Salima est à Sartrouville depuis quatre générations, son grand-père effectuait déjà les lavages mortuaires, puis ses parents et maintenant elle. Elle espère que ses enfants continueront. Elle est déjà très fière d’eux, elle essaie de leur transmettre le sens du partage et ils y sont réceptifs, elle leur apprend qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on dit à la télé, qu’il faut chercher et non subir l’information, elle les pousse à s’intéresser à tout et à tout le monde. Son aîné est dans une école de commerce, les frais de scolarité sont élevés, il travaille tous les week-ends pour les payer. Quand on lui demande s’il ne préfèrerait pas profiter de sa jeunesse, il dit qu’il le fera après. Salima espère que sa fille l’accompagnera pour les lavages :  » Ce n’est pas triste, ça peut paraître bizarre, mais c’est une belle façon de rendre hommage aux défunts, et puis il faut transmettre, parce que moi, quand je serai morte, qui va me laver ? « 

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