Réseau SMS

Hier matin, Marie B et Marie L ont rendez-vous avec Salima et Samia qu’elles ont rencontré la semaine dernière au marché.  C’est Salima qui pose la première question de l’entretien: « Alors, comment trouvez-vous notre quartier? » On lui répond qu’on y fait beaucoup de belles rencontres, que les gens sont pour la plupart réceptifs à notre démarche, que nous échangeons avec des personnes pleines d’énergies, des personnes qui se battent et donnent énormément, tout comme elle. Salima et Samia nous avait brièvement expliqué leur volonté de créer une association pour aider les personnes en fin de vie. Elles ne savent pas encore par quel biais mais leurs actions seraient: la visite aux personnes à domicile et à l’hôpital et l’accompagnement des familles dans les tâches quotidiennes. La création d’une association ne serait en fait que l’aboutissement de quelque chose qu’elle réalisent déjà au quotidien. Salima et Samia aident, accompagnent et soulagent déjà plusieurs amis ou voisins touchés par la maladie. Elle nous donnent l’exemple d’une femme, dont le mari est atteint d’un cancer, pour qu’elle puisse se concentrer sur lui, une trentaine de personnes du voisinage se relaient pour lui apporter quotidiennement les repas du midi et du soir. Ce n’est pas grand-chose dit Salima, on est beaucoup, ça ne représente que deux ou trois repas par  mois pour chacun, mais pour elle, c’est un soulagement. Samia et Salima ont crée un véritable réseau de solidarité par le biais de l’envoi de SMS. Quand elles apprennent que quelqu’un est dans la difficulté, morale, matérielle  ou financière, elles envoient à leurs contacts un SMS expliquant la situation et demandant une participation. Elles insistent sur le fait qu’elles se renseignent tout d’abord sur la véracité de la situation de la personne demandant de l’aide. Après « enquête » disent-elle, elles envoient le SMS sans nommer la personne, par respect de la dignité. La chaîne de solidarité est lancée, les gens donnent sans hésiter, ils ont confiance en Samia et Salima. L’aide demandée est variée: » Par exemple, l’appartement d’une dame a entièrement brûlé il y a peu, il a été  rééquipé grâce au réseau, mais attention si on demande une table, une chaise, ce n’est pas des objets qu’on jetterait: ce qu’on aime pour soi, on l’aime pour les autres »nous explique Salima, Samia renchérit: » On récolte beaucoup pour les obsèques aussi, le rapatriement d’un corps en Algérie c’est 3000 euros, on arrive toujours à les réunir. »
On avoue être impressionnées par leur engagement, on leur demande s’il est lié à leur foi. Non, nous répond Samia: »Il y a des gens de partout et de toutes les confessions qui nous aident, c’est une question d’état d’esprit, moi par exemple j’ai été très malade, j’ai passé des mois à l’hôpital mais j’ai un souvenir très fort et heureux de ce que j’ai vécu là-bas, on tricotait, on cuisinait, on faisait même des manifestations devant le ministère de la santé, je m’en suis sortie mais pas tous mes camarades, aujourd’hui mes enfants sont grands, je ne peux plus travailler, ma famille est en Algérie, il faut bien que j’occupe mon temps, il faut bien que j’aide comme on m’a aidé. » Elle regarde Salima qui l’a toujours soutenue, Salima nous sourit: »Vous savez, on n’attend pas de salaire d’ici-bas pour ce qu’on fait, mais quand on y réfléchit, tout le monde devrait agir ainsi, on ne devrait même pas se poser la question. »

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