… Françoise Proust définit la résistance comme un « fait », une résistance « incluse dans l’être ». Face au pouvoir et à sa domination, se manifestent toujours des résistances, parfois minoritaires, voire invisibles. Les modalités et les formes de cette « expérimentation de la liberté », individuelle et collective, changent, mais l’énergie passionnelle du refus reste agissante. Il s’agit de faire » lâcher prise » au pouvoir, de « gagner de l’espace et du temps pour détourner, voire retourner l’allure présente des choses ». Elle insiste sur le fait que la résistance est à la fois négative (s’opposant frontalement ou non à l’instance) et affirmative, dans le sens où l’acte de résistance, faisant « en sorte que la vie ne soit pas invivable », ouvre « un autre monde ». Certes défensive, la résistance est aussi offensive, nourrissant ce que Danièle Bensaïd appelle des « horizons d’attente ». « Se tenir sur le fil du rasoir comme un danseur de cordes, repérer depuis un point à la fois menacé et invincible les périls qui guettent de toutes parts et les chances qui gisent à même le danger, telle est la ligne à la fois droite et sinueuse de la résistance » conclut F. Proust. Résister, c’est donc contester radicalement l’ordre établi et esquisser, sous forme de paysages aléatoires, une constellation de possibles…