dans Culture et Développement durable de Jean Michel Lucas

….  S’il fallait ressaisir les exigences principales d’une responsabilité culturelle publique découlant de l’éthique de la dignité, on pourrait dire qu’elle privilégie les temps de la discussion de personnes à personnes. Or, dans les dispositifs publics actuels, le temps de la discussion entre identités culturelles respectées – ce que je préfèrerais appeler le temps de la palabre entre personnes qui ont des approches différentes  de ce qui est bien et moins bien – est un temps qui n’est pas considéré comme culturel. Seule la création, sa diffusion, sa transmission détiennent une valeur publique. Avec l’entrée par l’universalité de la dignité (agenda 21), les dispositifs de palabre sont culturels puisqu’ils permettent les interactions entre les identités pour plus d’humanité et la construction des accès à des références communes.

Ce temps est d’autant plus impératif que la mise en raison des convictions aussi raisonnable serait-elle, n’épuisera pas le mystère de relations entre les identités des personnes. Il ne suffira pas de sortir sa carte d’identité pour organiser la palabre. On doit plutôt imaginer que chaque personne est, à elle seule, un archipel d’identités où l’on se méfie des stéréotypes. Que parvient-on à savoir de l’autre en dignité ?

La responsabilité culturelle se place donc dans cette zone subtile où l’imaginaire intime entre en capillarité avec la raison publique, exactement comme une mangrove sociale qui vit de l’instabilité des frontières entre les êtres. La responsabilité culturelle n’est, en ce sens, jamais parfaitement accomplie ; elle est la pensée du tremblement, comme dirait Glissant … La dignité est sensible et volatile, toujours fragile, toujours proche de la blessure, toujours portée par l’ombre du mépris, du rejet, de l’humiliation, de l’indignité. Elle est l’universalité de l’être en quête d’humanité et rend nécessaire la permanence du débat public culturel …

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