d.éribon, retour à reims (autour de l’amitié)

… Mon habitus de classe me portait, au début, à résister à la culture scolaire, au type de discipline qu’elle exige. J’étais turbulent, indocile, et il s’en serait fallu de rien pour que des forces irrésistibles me conduisent à dériver vers un refus complet. Lui, c’était le contraire. La culture, c’était son monde, depuis toujours… Je ne pouvais rivaliser. J’étais sans cesse renvoyé à mon infériorité. Il était blessant et cruel sans le vouloir, sans le savoir. J’ai souvent rencontré par la suite des situations analogues : où les éthos de classe sont au principe de comportements et de réactions qui ne sont que l’actualisation des structures et des hiérarchies sociales dans le moment d’une interaction. L’amitié n’échappe pas aux lois de la pesanteur historique : deux amis, ce sont deux histoires sociales incorporées qui tentent de coexister, et parfois, dans le cours d’une relation, si étroite soit-elle, ce sont deux classes qui, par un effet d’inertie des habitus, se heurtent l’une à l’autre…

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