la rouille

On a réussi a avoir les clefs du 11. Les clefs du chevalement en métal qui domine la base. On est monté, avec une prudence extrême et pas très rassurés tellement c’est rouillé là-haut, mais c’est si beau. Beau le paysage et beau le bâtiment, avec, justement, cette rouille posée sur les cages d’ascenseurs, sur les portillons, sur les plaques du sol, partout. Et la poussière. Et le soleil qui rentre par les trous de rouille. Il y fait un silence interrompu par les pigeons et le vent. Et ce silence, étrangement, il renvoie directement aux bruits d’autrefois. On nous a souvent raconté, dans le quartier, le bruit incroyable et incessant qui émanait du 11/19. Avec tout ce métal, ce métal partout, ça devait être quelque chose, le bruit. On se demande pourquoi, comment, certains restes peuvent avoir autant de mémoire. Comme on réfléchit à chaque pas, pour éviter la rouille et les trous, ça arrête encore plus le temps.
Il y a les salles du premier étage, avec les belle rampes arrondies, si bien dessinées, et les restes de carrelage à motifs et il y a le salpêtre qui dessine une tapisserie.
Il y a la grande salle du deuxième étage, d’où partaient les berlines à la sortie de l’ascenseur, et ces rails qui vont dans un long couloir noir. Les portillons. Pourquoi ces portillons font à ce point penser à tout ceux qui sont descendus ?
Et puis après il y a cet escalier qui continue, ce tout petit escalier aux marches tordues par les passages et trouées par le temps, qui monte, tourne, monte, jusqu’à percer le plafond, jusqu’en haut du chevalement, en traversant le paysage.
C’était tellement beau que le soleil s’est couché à peu près à ce moment là.
Les danseurs on fait l’adage là-haut. Dorothée est restée en bas et les guidait dans la chorégraphie en criant. Jérémie est monté, puis descendu, puis remonté. Pour accompagner, filmer, donner des indications.
Pendant ce temps, là, tout en bas, on a vu Inès et sa mère, chez qui on a dansé en début d’après midi, qui se promenaient. Elles nous ont vu aussi.

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