yves fabrega

Sortir des « théâtres » ne suffit pas, il faut inventer d’autre façon de faire. Nous devons développer des pratiques artistiques appropriées à l’en dehors, à l’au delà, à l’au devant… Aller au devant des gens… c’est indispensable… Aller partout où ils se trouvent… Soit c’est ça, soit c’est rien… Il faut y consacrer le principal de ses efforts.
Faire oeuvre avec les gens n’implique pas qu’on va leur apprendre à faire ce qu’on sait ou ce qu’on fait.
On va les chercher parce qu’on ne sait pas inventer tout seul.
On va chercher ensemble ce qu’on ne sait pas qu’on cherche
On va faire ensemble ce qu’à priori on ne sait pas faire.
On va penser ensemble, cheminer ensemble, pratiquer ensemble, bricoler ensemble…
Nous allons ensemble nous donner la parole et faire de cette parole une oeuvre d’art

Nous devons sortir du clivage démarche artistique et socio culturelle.
Il est essentiel de dénoncer la noblesse de la chose artistique et le mépris des pratiques socio-culturelles.
Nous devons revendiquer l’utilisation du champ socio-culturel comme terrain propice à la création, à la réalisation d’oeuvre.
Chercher à co construire, à co créer, co réaliser, nous expose à des évaluations peu clémentes.
Nous devons combattre les à priori d’insuffisance dont nous sommes souvent victimes. Car la démarche peut être ténue aux yeux de certains, et d’une valeur peu évidente au vu des critères d’évaluation : La « visibilité » passant par l’intense fréquentation du public et la « reconnaissance » par des relations étroites avec les lieux institutionnels.

Nous devons avoir des dispositions esthétiques, hors des usages… Encourager à la «sur-excellence » artistique, à l’au-delà du goût , à la « sous-excellence » artistique, à la perfection abyssale.

Réaliser des oeuvres d’art en co-création relève d’une exigence artistique intense.
Il ne s’agit pas de délaisser l’oeuvre mais de redéfinir son espace de réalisation.
Nous devons redéfinir des modes d’évaluations, des outils d’évaluation, adaptés à nos façons de faire.

La notion d’élitisme pour tous a été une erreur fondamentale.
Il faut appeler à l’abandon de la recherche des « grands artistes », des « génies » et des « oeuvres inoubliables ».

Nous devons proposer d’autres sensations artistiques, d’autres regards :
C’est le regard sensible porté aux choses périphériques, communément repérées comme superflues ou insuffisantes qui va déterminer de nouvelles postures.
Sans le savoir, nous portons sur ces objets, ces comportements, ou ces espaces, un regard qui les dévalorise. Nous consentons à l’utilisation d’un vocabulaire qui les marginalise : kitch, humour, décalé, baroque, alternatif, second degré, provocation, etc, etc …

Il ne s’agit pas de redonner de la valeur à ce qui n’en aurait pas suffisamment mais d’inverser carrément l’appréciation entre le majeur et le mineur, le noble et le commun.
Nous devons cesser de nous indigner de ce que nous impose la culture cultivé, en s’apitoyant sur son inintérêt ou son coût exorbitant.
Il faut plutôt apprendre ou réapprendre à regarder ailleurs et autrement, à faire l’éloge des petites choses : de tout ce qui manque d’attention et qui paraissait jusque là futile, frivole, anodin ou superflu,…
« Il faut réapprendre à danser à l’envers et que cet envers devienne notre véritable endroit ».

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