fresnes

Une journée à Fresnes avec les jeunes artistes de la compagnie Porte 27 sur le spectacle Issue 01 qui sera créé dans une semaine, dix jours. Un heure de spectacle très intense. Une heure de spectacle très dense où personne n’épargne sa peine pour donner à voir, à entendre, à ressentir l’isolement, l’enfermement, la difficulté d’ être de toutes les personnes qu’ils ont rencontrées au cours d’une année de résidence  et de travail avec les gens de la prison de Fresnes ou d’une clinique psychiatrique dans le sud  de la France ou des réfugiés près d’ici à Calais ou Norrent Fontes. Un spectacle sans mot  (ou presque) qui dit toute cette souffrance.

En revenant par la gare du nord, j’ai vu un groupe de policiers français et roumains qui patrouillaient et interpellaient des gens qui font la manche dans la gare. Le spectacle Issue 01 dit ça: cette impossibilité d’aller là où on veut, cette entrave à la vie, cette course désespérée pour trouver un endroit où vivre est possible quand on est sans cesse traqué, poursuivi, épié. La persécution, le danger. La profonde et insupportable injustice. L’exil forcé.

La société, c’est de la vie, c’est du langage aussi, une langue vivante apprise, parlée, transmise et protégée. L’art est l’une des formes de cette langue que parle le corps social. La condition d’artiste repose sur l’expression d’un refus partiel de la société telle qu’elle est, sur le constat d’une imperfection et d’une perfectibilité de celle-ci, en conséquence sur le voeu implicite d’une révolte dont l’art peut être l’un des vecteurs efficaces. Plutôt que de subversion, il s’agit d’une position en porte à faux, d’une transgression à des fins positives. Il s’agit de faire du langage de l’art un langage à la fois intégré, donc capable d’être entendu, et dissonant, c’est-à-dire dont le propos vient mettre en débat l’opinion dominante. Une telle proposition (Issue 01, c’est moi qui cite) n’est pas un acte de guerre mais plutôt le signe d’une préoccupation, d’une vigilance doublé d’une mise en relation direct de l’art et de l’histoire présente. P. Ardenne.

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