C’était elle qui guidait notre travail. Elle avait une culture théâtrale énorme. Elle dirigeait une grande école d’art dans le nord de la France, à Roubaix. C’est curieux parfois j’ai l’impression que cette histoire là occulte tout le reste. Que ce qui est arrivé après n’a pas existé. Si on travaillait sur des grands textes, c’est parce que Jane, sa mère adorait Antoine Vitez qui faisait des mises en scène très modernes de grands textes. Eric L. a adopté dès la mise en scène d’Ivanov, la manière de travailler d’Antoine Vitez. Travailler sur un texte, ça voulait dire d’abord le réécrire. Quand on a travaillé ensemble sur Marivaux, les Trois Sœurs, Electre, un peu Claudel, c’était d’abord ce qu’on faisait: réécrire. Traduire et réécrire. J’allais chez lui tous les jours et on passait des heures à comparer nos propositions de réécriture. Ses parents intervenaient à chaque étape décisive du travail. Jane relisait les textes. Et ils venaient assister aux répétitions publiques. Eric à chaque répétition publique prenait un temps pour s’isoler longuement avec sa mère dans un coin du théâtre ou de l’endroit où on répétait pour parler de ce qu’elle venait de voir. Elle lui faisait des remarques et elle le conseillait.