Il n’est pas sûr qu’une vie, ou une œuvre d’art, soit individuée comme un sujet, au contraire. Foucault lui-même, on ne le saisissait pas exactement comme une personne. Même dans des occasions insignifiantes, quand il entrait dans une pièce, c’était plutôt comme un changement d’atmosphère, une sorte d’événement, un champ électrique ou magnétique, ce que voudrez. Cela n’excluait pas du tout la douceur ou le bien être, mais ce n’était pas de l’ordre de la personne. C’était un ensemble d’intensités. Cela l’agaçait parfois d’être ainsi, ou de faire cet effet. Mais aussi bien toute son œuvre s’en nourrissait. Le visible, chez lui, ce sont des miroitements, des éclairs, des effets de lumière. Le langage, c’est un immense « il y a », à la troisième personne, c’est à dire l’opposé de la personne : un langage intensif, qui constitue son style.