tottenham

Au lendemain de ce qui fut rapidement appelé « l’émeute de Tottenham », les écrans de télévision répétaient en boucle les mêmes images spectaculaires de bâtiments et de voitures en feu ou de jeunes pillant des magasins. Des « nouvelles » visuelles de qualité ! Comme toujours lorsque ce type d’évènement se déroule, on fait face aux mêmes réactions d’indignation morale des commentateurs autorisés habituels – politiques et journalistes bien-pensants, inspecteurs de police, etc… La situation est ce qu’elle est tout simplement en raison de la dégradation des conditions de la population locale qu’un système capitaliste en crise ne peut qu’accentuer. Le quartier de Tottenham a un des taux de chômage les plus importants de Londres. Plus de 10 000 personnes sont à la recherche d’un emploi, ce qui signifie qu’il y a plus de 54 personnes pour chaque emploi vacant. Depuis les mesures d’austérité introduites par le nouveau gouvernement, la plupart des salaires ont été gelés et ne suivent plus l’inflation galopante. Le prix de la nourriture a augmenté de plus de 5% ces derniers mois. Les loyers, même à Tottenham sont exorbitants. Le nombre de logements sociaux diminue depuis que Thatcher a permis à chaque habitant de s’endetter pour pouvoir racheter son logement social… De façon générale, les résidents ressentent de la frustration et de l’aliénation par rapport à un monde qui leur vend une réalité différente de la leur, scintillante et inaccessible alors qu’ils savent très bien que la meilleure situation à laquelle ils peuvent aspirer, c’est celle d’un travail pénible, ennuyeux et sous-payé. Et la violence réelle c’est celle-là. Ce n’est pas celle dénoncée par les politiques, journalistes et policiers. C’est celle du gouvernement qui s’acharne à faire payer la crise financière aux classes populaires, qui pratique une politique anti-sociale en coupant les budgets de tous les services publics. Ce n’est qu’un début, mais il signifie déjà la fermeture ou la dégradation de beaucoup d’infrastructures et de services sociaux, des maisons de retraites, des services de santé mentale, des parcs, des bibliothèques, des piscines, des associations communautaires… Il y a à peine deux semaines, le Guardian publiait sur son site une vidéo qui révélait l’impact que ces fermetures pourraient avoir sur la communauté locale. Un des jeunes interviewés finit l’interview, dépité, sur ces mots, qui semblent maintenant prophétiques « Y aura des émeutes… y aura des émeutes. »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.