martine bretonnier

« Instantané : photographie obtenue après une très courte exposition ».
Le travail de HVDZ se résume dans cette définition et la transcende : un instantané HVDZ, c’est du concentré, de la densité, en même temps qu’une suite d’immédiatetés qui construit un temps fracturé comme un collage de fragments de vies. On peut y voir la métaphore de l’époque contemporaine : le monde est pressé, pressuré, raccourci, le triomphe du «tout de suite» ramène au niveau de la nostalgie la notion de durée et l’espace ne se compte plus en distance. Le temps présent inclut l’imparfait et le futur. Des mois de gestation : une durée cachée. Quatre jours de travail visible : une urgence programmée. Quelques minutes de présentation : le fragment d’un tout.
La première phase c’est l’attente, obscure et invisible. Quelque chose est là que l’on pressent mais qu’on ne définit pas encore. C’est un moment qui s’inscrit dans la durée. Continue et régulière comme les doigts de Glenn Gould sur les notes de Bach. Une intensité vibrante et universelle.
La phase de désir lui succède, plus limitée, plus palpable. Une matérialité faite de bouts de réalité glanés au contact de l’humanité. « Je suis un œil. Un œil mécanique. Moi, c’est-à-dire la machine, je suis la machine qui vous montre le monde comme elle seule peut le voir. » disait Dziga Vertov. Les machines sont là mais les hommes sont derrière et devant. Il faut broder et nouer les images aux mots, donner une âme et du sens, monter, coller, recréer le monde en quatre jours.
Et puis le moment de plaisir, plus soudain, plus court : le spectacle donne à voir ce qui s’est donné mais aussi ce qui se cachait. Sur la scène deux écrans constellés de tronches colorées, des corps en mouvement, de la musique et des paroles, les lieux habités se révèlent enfin. On les prend en pleine gueule nos tronches : elles nous parlent de nos vies, des petites misères et des petits bonheurs. C’est nous et c’est tout le monde.
Si t’as jamais été dans l’ Vaucluse, c’est l’moment. De Lille, on est plus près d’Avignon que de Vesoul ou de St Nazaire…

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