on n'a pas encore trouvé la fin-carnets de route-

Parfois un pigeon se coinçait une patte entre les tuiles du toit du coron et il fallait monter sur le toit pour le libérer. En général il s’en sortait avec la patte cassée et on le tuait pour le manger. La neige a presque totalement disparu du paysage. Hier on a fait un enchaînement; ça fait une heure dix. Les dix dernières minutes sont longues. On n’a pas trouvé la fin. La vie est courte mais elle est longue par petits bouts (C’est Dédé Fortin du groupe québécois les Colocs qui racontait ça: il avait croisé un type dans la rue assis sur un trottoir qui lui avait dit ça, donc: la vie est courtes mais elle est longues par petits bouts. J’ai beaucoup aimé ce groupe de musique. Je me souviens d’un titre, dehors Novembre). Mais on va y arriver. Il nous reste une semaine et quelques jours de reprise au mois de janvier; ça fait douze dans qu’on est à la Fabrique de Théâtre de Loos en Gohelle. Douze ans!  On a démarré les Veillées en 2003. L’année de la mort de Kader. Et puis on n’a plus fait que ça et un spectacle normal, on va dire, Base 11/19.  On était quelques uns à beaucoup souffrir sur Base 11/19. Hier pendant la représentation on a essayé deux séquences de Pépites et Râteaux. Des anecdotes des Veillées. Chacun a sélectionné parmi les histoires qu’il avait déjà racontées, trois ou quatre histoires qui lui sont arrivées et qui sont emblématiques du savoir chaud et du savoir froid. C’est à dire qu’elles révèlent des comportements, des difficultés, des disfonctionnements et des petits ou des grands bonheurs aussi; ça marche plutôt pas mal et ça donne un autre ton à la pièce. Ces histoires ne sont pas écrites. On les réinvente d’une certaine manière quand on les redit. Dire une pièce pour les Atomics: même ce mot-là semble étrange. Camille a raconté qu’on avait dansé la nuit sur un cargo turc dans le port de St Nazaire quand on a fait la Veillée de Méan Penhouët et que c’était surréaliste. Le dimanche c’était les concours de pigeons. On n’avait l’interdiction totale de mettre les pieds dans le jardin. Mon père n’ admettait aucun intrus. Ses pigeons rentraient de Tours, Blois, Orléans, Poitiers, pour rejoindre le bassin minier. En quelques heures. Quand on est allé jouer dans ces villes, c’est comme si j’étais devenu un pigeon à mon tour.

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