Rose-Marie – Un récit de Ferfay

L’ARRIVÉE CHEZ ROSE-MARIE

Rose-Marie : Je peux vous offrir un petit coup ?

Guy : Non, de l’io. Après on arrive plus à travailler.

Rose-Marie : Ah oui, et maintenant on n’a plus le droit. Si on conduit, on n’a plus le droit. Avant on pouvait offrir un petit coup aux facteurs. C’était des personnes gentilles. Un facteur, il rendait beaucoup service à ché vieux.

FERFAY, L’ACCUEIL UN 14 JUILLET

Rose-Marie : Rose-Marie Martel, je suis native de Bourecq, et je viens d’une famille de 6 enfants. Deux frères avant moi, moi, une sœur, un frère et puis une sœur. La première fille et la troisième enfant d’une famille de 6. Mon père il a été mineur pendant 37 ans et demi, il allait au fond. Mon père, il était petit, il avait un béret, il se promenait tout le temps à vélo. On n’avait pas de voiture à l’époque. Maintenant il y a plein de voitures, mais avant, il n’y en avait pas tellement.
Alors, je suis arrivée à Ferfay, c’est tout simple : mon père lui est natif de Bourecq et ma mère elle est native de Quernes. (un bio petit village, il y a encore un moulin). Ils se sont mariés. Après leur mariage ils ont habité dans la maison des grands-parents de mon père, où mon père il est né, et nous on est tous nés là, les 6 enfants. Au début, mes parents avaient la maison en location, mais ils ont dû déménager, alors, comme il était mineur, il cherchait une maison dans les corons. Au début, il cherchait dans les corons de Lières, et puis il n’en a pas trouvé. On nous a dit Ferfay : il y a un terril à Ferfay. Et on est arrivés à Ferfay.
C’est vrai, on a été bien accueillis à Ferfay. On est arrivés un 13 juillet. Le lendemain c’était le 14 juillet. Ferfay, à l’époque la commune elle donnait des brioches et un paquet de boulettes à tous les gosses. Ça je m’en rappelle. J’avais 13 ans. Ils sont venus taper à la porte pour qu’on vienne chercher notre cadeau, on venait d’arriver, on pensait pas qu’il y en avait pour nous.

DES BONS VOISINS & DES SURNOMS

Rose-Marie : On a été bien accueillis et on avait des bons voisons. On leur a donné des coups de main. Y a avait grand-père Lherbier avec sa femme. C’est sa femme qui m’a appris à tricoter et puis à faire du crochet. Pourtant je ne l’ai pas connue longtemps parce qu’elle est morte jeune, Jeanne. Grand-père Lherbier on l’appelait Toubac.

Guy : Toubac, c’était l’tabac. Je sais pas pourquoi on l’appelait comme ça.

Rose-Marie : On sait pas pourquoi, parce qu’il fumait même pas. Je l’ai jamais connu fumer.

Guy : Tout le monde avait avant un surnom. Min père c’était Ch’Pron. J’ai jamais connu pourquoi.

Rose-Marie : Min père c’était, Torboyo, parce qu’il boitait. Il avait attrapé une méningite étant petit, il est resté paralysé. Et 37 ans au fond. C’était un petit bonhomme, il était pas haut, il était pas gros : si’il faisait 60 kg tout mouillé… C’est vrai, il était pas gros.

LA DUCASSE AVANT & TOUTES LES PERSONNES À ALLER VOIR AUJOURD’HUI

Guy : Vous être arrivés pour le 14 juillet, mais au 15 août… je me souviens, il y avait La Ducasse à peu près à cette époque.

Rose-Marie : Il y avait une Ducasse, oui, au 15 août.

Rose-Marie parle de personnes que Guy a connues. Mais nous nous ne comprenons pas tout, quand Guy et Rose-Marie se parlent.

Rose-Marie : Vivianne, tu pourrais aller lui parler.

Guy : Vivianne c’était la fille de Camille.

Rose-Marie : Oui, Camille elle est là. Elle vit core.

Guy : Vivianne c’était la plus jeune.

Rose-Marie : C’est Marie-France qu’était de ton âge. Elle, elle est partie habiter à Saint-Hilaire Cotte. Colette elle est encore à Saint-Pignon !

… Saint-Pignon c’est ce que j’avais compris, mais je demande c’est où Saint-Pignon, et on me répond : cheu – pignon ? C’est là : à cheu – pignon. C’est à dire au coin de la rue, de cette rue-là.

Rose-Marie : Colette, elle se rappelle de beaucoup de choses. Tu peux aller la voir. Et puis Jacqueline et Suzanne. Jacqueline elle serait contente de te parler.

LES VOISINS, ENCORE & LE BAC À CENDRES

Rose-Marie : Ici, c’était de la terre, et là ici, c’était la rue. La maison était d’un côté (et les deux chambres là-haut) et les toilettes et la réserve du charbon, c’était de l’autre.

Guy : Et il fallait traverser.

Rose-Marie : Ben y a Anne-Marie, qui l’a encore un petit peu. Maréchal qui l’a encore aussi. Ben chez Colette elle l’a plus, mais on voit encore un petit peu comment c’était. Remarque, c’était une bonne époque !

Guy : C’est des bons souvenirs, comme on disait l’autre jour.

Rose-Marie : On avait des bons voisins. Robert Lherbier. Y avait aussi grand-père et grand-mère Delobel. On l’appelait grand-père Bitoul. Nous on était une grande famille et ma mère elle me disait : « va demander à grand-mère Bitoul si elle a pas besoin de toi pour laver sa maison, allez ! ». On s’entraidait. On rentrait le charbon, on rentrait le bacachène.

Guy (nous explique) : Rentrer le bacachène, c’était le bac avec les cendres. Quand tu fais brûler le charbon, on mettait tous les déchets à brûler dans l’cuisinière avec le charbon.

Rose-Marie : Les cendres étaient recueillies dans un bac et il fallait vider le bac dehors.

LES VOISINS, TOUJOURS & MICHEL et MARCELLE

Rose-Marie : Et de l’autre côté de ma maison, c’était la famille Mouveaux. Très gentils.

Guy : Je me souviens des Mouveaux. Ah ouais, ils étaient très gentils. Moi j’avais joué avec l’un d’entre eux au football.

Rose-Marie : Jean-Paul !

Guy : Je me souviens plus.

Rose-Marie : Si ! Jean-Paul ! Ben ils étaient qu’à trois frères. Le plus vieux Guy. Ensuite c’était Jean-Paul. Ensuite c’était beaucoup de filles : Marie-Hélène, Betty, Evelyne, et après il y a re eu un garçon qu’elle a appelé Michel, comme mon père qui était un homme gentil. Par rapport à ça, elle a appelé son garçon Michel. Oui, mon père il s’appelait Michel. Ma mère Marcelle.

LA MAISON

Guy : Alors, il y a eu Bourecq, puis ici. Et vous êtes toujours restés à numéro 3 ? Maintenant on dit Pierre Bachelet, mais nous on dit toujours n°3.

Rose-Marie : Et après je suis restée dans la maison avec mon frère Jean-Paul qui était resté célibataire. On a toujours habité dans cette ancienne maison. Une maison d’époque. Quand je l’ai quittée, c’était la maison d’époque. Et puis j’ai eu l’occasion d’acheter ici, la maison d’André, à 59 ans. Il y a 8 ans, au mois de juillet, que j’ai acheté. La mairie a eu l’occasion de reprendre la maison. J’avais eu du mal à la quitter. J’y suis restée 46 ans. Ils ont tout refait, tout était abattu, tout était à terre, même la toiture. Ça me fait toujours quelque chose de l’avoir quittée. Ils l’ont rénovée, mais c’est pas bien. Ils ont rebouché la cave, c’est mal conçu :
En haut, ça a été modifié. Tu vois l’escalier où il est ? Bon l’escalier il arrivait là. Il y a plus de cloison alors ça te fait une grande pièce. T’arrives à l’escalier, en haut : t’as une porte pour aller à une petite chambre. Bon t’as un coin, il existe plus, puisque tout a été abattu, t’as une grande pièce. T’as un petit palier en haut. T’as une porte pour aller à la petite chambre. Mais alors, la maison elle est plus triste que l’ancienne. Après devant toi, ça fait un côté un placard, l’autre côté des toilettes. Ils ont installé des toilettes. Puis la grande chambre : elle est diminuée parce qu’ils ont voulu faire deux pièces à peu près pareilles. Ça a plus rien à voir. Ils ont construit tout le long, il y a plein de portes-fenêtres. Une grande porte fenêtre, ça fait un couloir, une cuisine, un petit couloir, un placard avec tous les trucs électriques, et puis dans un coin, il y a le chauffe-eau. Donc t’arrives il y a une grande porte-fenêtre et là c’est la cuisine. Mais la porte fenêtre là elle sert à rien parce qu’il y a un couloir, c’est pour donner de la lumière. Après la cuisine, il y a encore un petit couloir et un petit couloir et une petite fenêtre et là derrière, il y a une porte et là une salle de bain. Et la salle de bain elle est dans le noir. Et à côté t’as les toilettes. Et au fond il y a une troisième chambre et il y a une porte-fenêtre et après t’as une porte-fenêtre mais pour y aller il y a un débarras. Mais faut sortir de la maison pour aller dans le débarras. Tu vois l’utilité ? Et puis, il y a même pas de garage. Tu vois l’utilité ? C’est mal conçu. Et après ils ont mis le chauffage électrique, j’espère que c’est bien isolé. Et après interdit de faire une cheminée et interdit de faire un poêle à pellet. Qui c’est qui va louer ça avec l’électricité qui augmente? Et location 650 euros ! Pour une maison de coron ! Y a presque plus de terrain, il y a pas de garage, pas de cave. Pour te débarrasser t’as que le débarras, mais il est pas grand.

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