L’image est un pouvoir que les médias – que les politiques par le biais des médias, que le monde capitaliste par le biais des médias – se sont approprié. L’image et l’art sont des outils de pouvoir qui ont été neutralisés, confisqués par un système – capitaliste – et par un état – capitaliste – et par un Ministère de la Culture – capitaliste. Et si c’était un vol, une aliénation, une violation de droits élémentaires ? Si on cherchait à redonner à chacun ce qui est son propre bien : sa présentation, l’énonciation de lui-même dans l’espace public ? On devrait inventer un droit à l’auto-énonciation, un droit à se présenter soi-même. Parce que, sans doute que si les classes populaires avaient leurs multitudes de voix, elle ne seraient pas aussi absentes des débats publics et des décisions nationales. C’est dans cet interstice là que nous, artistes, fabricants d’images et de discours, on a notre petit rôle à jouer. Reste à trouver, encore et encore, des outils de partage, en espérant qu’un jour tout le monde soit l’artiste de sa propre représentation, l’auteur de sa propre image, l’auteur de sa vision du monde. Travailler à notre disparition en tant qu’artiste, travailler à la généralisation de notre statut d’exception – que chacun soit l’exception – pour que les cultures soient effectivement celles de tous, et que l’art en soit l’outil. Descendre du piédestal pour aller frapper aux portes, rencontrer les gens, partager, inventer ensemble ces outils qui serviront à construire ensemble autre chose qu’un piédestal.