Marco

On a rencontré Marco aux petits tonneaux. On était passé après le marché. On parlait, avec des habitués, du rachat des chantiers par les coréens. La nouvelle du jour. La nouvelle qui fait peur, encore une fois. On a dit pour rassurer « le savoir faire de St Nazaire est reconnu, ça s’efface pas comme ça… » et il y a Marco qui a dit « le savoir faire ils s’en foutent ». Alors on a parlé de ça, et du reste, des chantiers, de la vie associative. Marco est soudeur tuyauteur aux chantiers. Intérimaire. Il a une formation d’ouvrier qualifié, il a envoyé plein de CV, mais il n’a jamais eu de poste à sa qualification, juste ouvrier, toujours des emplois précaires. « Celui là, c’est le dernier contrat, je finis celui là et je vais travailler ailleurs. » Forcément, il est en colère quand il voit dans le journal les responsables du chantier qui se plaignent de ne pas trouver du personnel qualifié. « ils se plaignent aux médias pour justifier le fait qu’ils font venir des Polonais, des Indiens, qu’ils payent une misère ». Et puis les conditions de travail aux chantiers sont trop dangereuses. Marco me dit : « il y a des contrôleurs de sécu – on les appelle les barrettes, à cause d’une barrette de couleur sur leur bleu de travail – Donc, il y a des barrettes sur le pont des bateaux, là où on les voit bien, mais jamais à fond de cale. Pourtant, du danger, il y en a au fond, quand on est quatre soudeurs dans une même pièce de 6m2, qu’il y a de la fumée et des étincelles partout… hier j’ai failli mourir, un tuyau qui est tombé, de tout en haut, à cause d’une panne de courant. Le courant saute tout le temps, et quand on est à fond de cale, c’est dangereux. Ils nous mettent des amendes si on ne met pas de lunettes de protection sur le pont, mais les vrais problèmes de sécu, ils s’en occupent pas.» Marco me dit qu’il va voir à la raffinerie s’il n’y a pas du travail. Ca pourra être que mieux.

Marco, le reste du temps, il est dans des assos. Il fait la scéno pour des spectacles de théâtre amateur, avec la Cie Bénékiri. Il organise des fêtes dans son village. Et puis, avec Music-land, à Béné, il organise des concerts et aide des groupes locaux.

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