No Border. Du début à la fin. On imaginait bien que ce ne serait pas facile. Mais ça a été un travail passionnant. De la Jungle jusqu’aux répétitions au 11/19.
Il est certain que sur un sujet comme celui-là, tellement violent et traité de façon criminelle par les pays riches qui refusent à celles et ceux qui fuient la misère et la guerre de s’installer chez nous, rien ne va de soi. Personne n’en sort indemne. La douleur s’est logée jusque dans le coeur des répétitions. On avait beau être tous bien d’accord sur le combat mené par les No border, cependant l’impossibilité du rêve nous a minés jusqu’à l’étouffement. Comme la silicose, la maladie des poumons de pierre qui détruisaient la vie des mineurs. On est sorti de là asphyxié. Le théâtre est un jeu. Ça demande un effort surhumain de réussir cette prouesse de rendre compte d’un crime de masse par le jeu du théâtre. Peu y sont parvenus. Decuvellerie, sur le Rwanda y était arrivé. Ne pas lâcher prise au moindre accroc et faire bloc. Le travail sur le plateau était piégé comme un champ de mines antipersonnelles. On savait que Nadège avait écrit un texte magnifique à la hauteur de l’enjeu. Comme une bombe qui serait une partie de la solution. On n’en a pas suffisamment tenu compte. On est allé trop vite. Guy a bien pensé que c’était gagné avec un texte d’une telle puissance. Quelle erreur ! C’était méconnaître la force de l’ennemi et les conséquences des erreurs stratégiques de base. On ne part pas combattre l’ennemi en lui tournant le dos ou dans la dispersion même si on possède le plus beau texte du monde.