Ça n’a pas de fin à la fin

Je ne me pardonnerai pas plus d’être moi que je ne vous pardonnerai d’être vous.
Je vous enviais vos dons, votre argent, vos familles : les railleries dont vous accabliez vos parents n’étaient qu’une élégance de plus, un signe de plus, un signe de votre bourgeoisie, comme les costumes que vous vous faisiez faire à Anvers, chez un tailleur flamand. La musique, la peinture dont vous parliez, il me semblait que  c’étaient des moyens subtils de m’exclure : tu le sais, le monde de la musique m’est complètement fermé ; je pourrais être sourd. Chaque fois que vous citiez « Le Prado », j’étais sûr que c’était pour me faire sentir que j’ignorais les voyages, Florence, Rome, Madrid.
Ce qu’il y a de plus intolérable, c’était de vous croire heureux, car je ne doutais pas de votre bonheur. Je vous en aurais pourtant voulu de gémir sur vous-mêmes, la souffrance n’était en vous qu’une attitude, et comme un talent, un luxe de plus. Le suicide même d’ Edouard dont j’ai entendu parler il y a quelques jours, m’a paru le dernier défi qui pouvait venir de vous, le dernier acte inimitable qui viendrez de vous.

Une réflexion sur « Ça n’a pas de fin à la fin »

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