Recevoir une lettre des jeunes du CEF


« Close To Me », c’est la construction d’un film-spectacle qui aborde le « vivre ensemble ». Comment les jeunes du CAJ d’Annequin pourraient évoquer la question avec les jeunes du Centre Éducatif Fermé ? Les rencontrer ce n’était pas possible, ni les filmer, ni même faire un enregistrement audio. Pour rendre la chose faisable, on a imaginé un échange de lettres.  
Le lundi en fin de journée, le premier jour du « Close To Me » à Culture Commune, on reçoit la première lettre des jeunes du CEF. Le mardi matin, on avait partagé les jeunes du CAJ en  trois groupes pour la préparation des trois interviews de l’après-midi, alors on décide de rester en petits comités, pour prendre connaissance de la lettre.
Léa, Victoria, Mattis, Matys, Théo sont dans la salle de spectacle, Clara, Lauryne, Lukas, Alexandra, Claudia sont à la ressourcerie  et Flavien, Kylian, Safia, Camille,  Justine dans la nef.
Dans chaque groupe, ce sont eux, les jeunes, qui se partagent la lecture à haute voix. On laisse le temps à chacun de réagir.
Certainement, selon les groupes, la parole arrive différemment. Dans celui dans lequel j’étais, il y a d’abord du silence, puis beaucoup de questions, et parfois, du silence entre les questions. La lecture de cette lettre remue. Chacun réfléchit pour soi. Les jeunes du CAJ d’Annequin font d’emblée un chemin dans leur tête pour s’imaginer à la place des jeunes du CEF. Ils essaient de définir ce qu’ils pourraient ressentir dans une situation d’enfermement. Ils ont envie que les jeunes du CEF s’en sortent, ils essaient de trouver comment ils pourraient les encourager, avec quels mots.
. Moi je serais triste, je m’en voudrais à moi-même, parce que si on est là c’est qu’on a fait une bêtise, et aussi j’en voudrais à mes parents parce qu’ils m’ont laissé aller là-bas. Et au début j’en voudrais à tout le monde : la famille, les autres responsables de mon erreur, j’aurais l’impression qu’ils m’auraient entrainé, et j’en voudrais au personnel du CEF de participer à mon enfermement.
. En lisant la lettre, on a l’impression que l’on pourrait les connaître.
. Si on se retrouve là, c’est qu’on a fait une bêtise, une erreur. Et en général quand on fait ça, c’est quand on déjà un manque dans sa vie. Alors se retrouver en plus enfermé, déjà qu’on a un manque, ça doit être étrange.
. Il faut qu’ils continuent à se battre pour sortir le plus vite.
. Quand ils expliquent que, dans le centre, pour certaines activités, si une personne ne veut pas la faire, l’activité peut être annulée, je me suis dit que je trouvais injuste qu’une personne puisse pénaliser tout le groupe. Mais, ensuite, je me suis dit que ça entraîne chacun à faire aussi les choses pour les autres, à penser aux autres. Ça entraîne à comprendre qu’en fait on ne peut pas définir ses propres lois, il faut prendre tout le monde en compte. Et finalement, c’est bien de réfléchir à ça. 
. On ne vous juge pas. Votre acte c’est du passé. Maintenant vous tentez autre chose, on vous soutient.
Aujourd’hui mercredi, on a mis en commun la réflexion des trois groupes, la lettre est écrite et sera envoyée demain matin, et déjà les jeunes de « Close To Me » attendent avec impatience une réponse des jeunes du CEF.

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