Premier jour de la deuxième semaine. Questions.

Les 15 étudiants de l’ESAC rejoignent le groupe acro-danse de Cirqu’conflex. Tiki amène tout le monde, petit à petit, dans un mode de fonctionnement et dans des codes qui permettent de construire à l’infini une danse à partir d’enchaînement de morceaux plus ou moins improvisés. Après trois quarts d’heure à Cirqu’Conflex, on part « dehors ». Il pleut, on se dit que la gare n’est pas très loin et que là-bas, on sera à l’abri. On y est, on danse dans un grand hall de la gare de Bruxelles-Midi.
(…) Plus tard, on revient à Cirqu’Conflex pour discuter de la journée. Certains trouvent que c’est un peu frustrant de ne pas avoir le temps de régler quelque chose qui pourrait être beaucoup mieux. D’autres trouvent que c’est quand même super, que c’est une expérience bizarre et très différente. Chouette d’improviser à la gare, de le faire dans un autre environnement que l’habitude, même si on ne sait pas comment l’utiliser dans le collectif. Chouette, oui, mais le fait qu’on ne sache pas précisément ce qu’on va faire, le fait que ce ne soit pas assez travaillé, que ce ne soit que des choses jetées, que tout ça ne soit pas assez fructueux pour la création, revient à nouveau dans les échanges.
On interroge Tiki, le professeur d’acro-danse qui dira simplement : « Parfois, il faut sacrifier nos vies personnelles pour se mettre au service d’un truc plus grand. C’est comme un discours : si je parle tout le temps, sans faire de pause, je ne peux pas permettre aux autres d’intervenir. »
Petit silence. On réfléchit. Se mettre sur la réserve pour permettre au groupe d’exister.
Les échanges reprennent.
Le but c’est la rencontre, ce n’est pas le flash mob. Même si on ne fait pas quelque chose de nickel, ce n’est pas important finalement. Je suis surpris de voir qu’en fait là, à ce moment-là, on s’en fout si ce ne soit pas d’une grande qualité. Le but c’est la rencontre.
On apprend tous les jours, on n’est jamais au bout de ce qu’on travaille. (…) Comment partager quelque chose qui n’est pas fini ? Quelque chose qui est en cours de travail ? Est-ce que c’est envisageable ? Dans la tête on a toujours l’idée qu’il faut montrer quelque chose de nickel. Mais peut-être qu’il faut apprendre à se décaler. Et ne pas avoir dans la tête qu’il faut faire quelque chose de parfait.
Dans le travail qu’on fait-là, c’est intéressant de penser à toutes les questions que ça soulève, plutôt qu’aux frustrations que ça provoque. Travail d’artiste ? Travail de citoyen ? Des insatisfactions, il y en aura toujours parce que ce n’est pas lisse.

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