Aux Peupliers

Ce mardi matin, Béné, Camille et Lucien se rendent dans le quartier loin loin des Peupliers.

Ce sont trois immeubles de briques beiges qui se succèdent du plus grand au plus petit, dans l’ordre d’arrivée. La symétrie est jolie, Béné installe la caméra, et Camille danse, bien au milieu.

Nous rencontrons des promeneurs de chien, on tracte, on propose des pas-de-porte, mais personne n’est d’ici, c’est le papa, le frère, la belle-mère, alors tant pis. Et puis au moment où nous croyons partir, on apreçoit deux jeune hommes en train d’étendre leur linge sur le balcon, Camille les hèle, on leur dit que l’on souhaite faire des images et avant que l’on ait le temps de finir l’un des deux nous répond : « montez, mon ami travaille dans le cinéma ».

Au deuxième étage, on entre ainsi chez David et Mustapha. Ce dernier nous prépare du café pendant que David nous dévoile peu à peu sa carrière cinématographique ainsi que toutes les cartes et certificats qui attestent de son statut d’auteur.

David est kabyle, il vient d’Algérie. Il est auteur, doubleur de voix et a déjà réalisé quatre films documentaires. Actuellement il cherche à faire traduire un livre qu’il a écrit sur le suicide. Son travail documentaire, sur la culture berbère et l’Afrique du Nord, l’a emmené en Egypte et en Italie pour rencontrer des écrivains qui s’intéressent à ce sujet. Le problème, c’est que si l’Algérie lui a donné l’argent nécessaire à une réalisation, elle s’octroie ensuite un droit de censure qui ne lui permet pas de dire ce qu’il veut (en tant que chrétien kabyle notamment). Il en est de même lorsqu’il effectue des doublages de films étrangers qu’il réalise,  beaucoup de scènes sont coupées par la censure (un dénuement, un baiser, …) ce qui fait que les films passent de 1h30 à 45 minutes et deviennent parfois incompréhensibles. Il parle de dictature algérienne.

Il a actuellement en tête un scénario d’une série de 30 épisodes, mais il veut pouvoir créer librement et c’est pour ça qu’il a décidé de changer de pays.

On lui laisse notre mail pour qu’il nous envoie bientôt des liens pour regarder des extraits de son travail. Et puis on lui donne des pistes : on aimerait bien qu’il rencontre Marie et Marion du Cinéma l’Univers à Lille qui sont un lieu de projection de documentaires par les associations actives et/ou militantes de la ville.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.