Antigone a seize, dix sept, ou peut-être dix-huit ans. Antigone regarde la caméra, l’objectif, droit devant, et dit :
Non, je ne me tairai pas ! Je veux savoir comment je m’y prendrai, moi aussi, pour être heureuse. Tout de suite, puisque c’est tout de suite qu’il faut choisir. Vous dites que c’est si beau la vie. Je veux savoir comment je m’y prendrai pour vivre. Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? quelles pauvretés faudra-t-il qu’elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents, son petit lambeau de bonheur ? dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui se vendre ? qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ?