No Passaran

« Et après tout, quelles violences pouvait exercer cet homme dans un état ou le droit était si fortement ancré, ou la majorité du parlement était contre lui, ou chaque citoyen croyait sa liberté assurée par la constitution?
Puis vint l’incendie du reichtag
Puis göering lâcha ses bandes déchaînées,
Puis le parlement fut dissous, toute notion de droit abolie.
On apprenait en frissonnant qu’à 20 km de Munich la ville de Dachau avait construit le premier camps. Mais le monde se refusa à croire l’incroyable.
Déjà je vis les premiers fugitifs à la frontière, ils avaient grimpé, de nuit, sur la montagne, ou avaient traversé à la nage la rivière. Ils étaient affamés, en loques, ils vous regardaient fixement.
Je ne soupçonnais pas, en voyant ces proscrits, que leurs visages pales annonçaient ma propre destinée.
Comme nous tous en Autriche je n’ai jamais soupçonné en 1933 un centième des événements qui devaient pourtant éclater seulement quelques semaines plus tard.  »
Stéphan Zweig.
Le monde d’hier

Une réflexion sur « No Passaran »

  1. « Et le ciel, inchangé, immuable. J’eus le sentiment que ce soir-là, au lieu de tourner la page, on était revenu une bonne moitié du livre en arrière, que des évènements vieux d’un quart de siècle renaissaient dans le bruissement des pages et qu’une main lourde nous conduisait vers des répétitions depuis longtemps révolues, effrayantes et ennuyeuses, la porte claquait. Pas plus d’issue que pour de petites souris fureteuses aux yeux vifs… Pouvait-on rêver ? »
    Nina Berberova
    De cape et de larmes

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