Rachida

En début d’après-midi, rendez-vous avec Rachida à l’antenne sociale.
Rachid est là.
Rachida préfère ne pas être filmée. Tant pis tant mieux. On prend un moment, autour d’un café, autour des beignets de Nora, pour papoter, parler de tout et de rien, du quartier, de l’Algérie et du Maroc, de la vie ici, de la famille et des amis.
Rachida raconte la neige, quand elle est arrivée en France, la neige qu’elle voyait pour la première fois, en 1973. Elle arrivait d’Algérie.
Elle raconte que le quartier était tellement vivant, tellement solidaire, convivial, qu’il y avait tellement d’entraide que personne ne voulait partir. Que si les maisons avaient été à vendre, beaucoup de famille n’auraient pas quitté le quartier.
Elle dit on est bien entre nous, copains, familles, voisins, tous solidaires.
Rachida est mariée avec un marocain, Kacem, qui est connu dans le quartier parce qu’il aide pour le mouton, et surtout parce qu’il aime par dessus tout le jardinage, qu’il a un grand potager et des fruitiers, et qu’il donne ses légumes et ses fruits à tout le monde.
– Ils sont beau, tes poireaux !
– Tiens ! prends-en !

Il paraît même que quand la récolte est très abondante, il frappe chez les voisins et les amis du quartier pour faire la distribution.
Ils ont eu six enfants, dont Hassina, qui nous rejoint en cours de route et qui prend part à la conversation. Elle habite à Beaumont mais revient très souvent.
Rachida lit et écrit l’arabe. Elle a appris à ses enfants. Elle dit qu’elle a un pied ici, en France, et un autre au Maghreb. Par exemple pour la langue, mais aussi pour la cuisine.
Elle dit qu’elle aimerait que certaines activités de la maison de quartier reviennent s’installer à l’antenne sociale de la Lionderie : elle aimait surtout l’atelier cuisine, la couture, et l’atelier esthétique.
Et puis Rachid nous raconte que son rêve à lui, ce serait une soirée où toutes les mamans du quartier viendraient manger, et se laisseraient servir.
– Qu’est-ce que vous aimeriez changer dans le quartier ?
– Ce serait bien, une vraie antenne sociale, plus grande et toute neuve.
– Et enlever les arbustes, nettoyer et mettre des poubelles.
– Et des commerces, au moins une petite boulangerie.

C’était un bon moment, qui a finit par durer un bon moment… On se dit qu’on aurait pu faire une permanence à l’antenne sociale, être là, avec ou sans caméra, pendant des jours. Il y a plein de gens qui passent et qui parlent volontiers du quartier, qui s’assoient et se joignent à la discussion. Un bon moment.

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