Tout ce que j’ai fait, depuis dix jours, que je n’avais jamais fait

Dessiner les yeux bandés, raconter mon parcours quotidien depuis chez moi jusqu’au Phénix en m’attachant aux plus petits détails ; interviewer un groupe de terminales option théâtre et partager avec eux le plaisir de se dire que « nous aussi, on est montés sur la grande scène du Phénix » ; réaliser, très vite, le portrait dessiné de mes collègues qui se livrent à des joutes verbales toutes plus incroyables les unes que les autres ; apprendre les percussions corporelles avec Mourad (boum tak pidipaboum pam, boum papiditaboum boum pam, boum boum patiditi boum pa piditi boum papiditaboum boum pam) ; découvrir la vision du travail et les attentes (les rêves) de Yacou, Kevin, Kevin, Paul, Brandon, Steeven, Matthieu, Mathieu, Julien, Dylan, Rémi ; comprendre que pour certaines personnes, le travail c’est l’argent et que l’argent, c’est la liberté ; visiter plusieurs entreprises du monde de l’industrie et du travail posté (et ma foi je croyais qu’il y aurait plus de monde, qui travaillait, dans ces endroits) ; me laisser tomber dans les bras de quelqu’un que je connais à peine, les yeux fermés, sans avoir peur ;  feindre la colère, la surprise ou le rire jusqu’aux larmes (ah ça, c’est dur) ; monter sur un skate mou (et tomber de ce skate mou) ; poser, face caméra, de face, puis de profil dans la lumière fatiguée sans rien dire ;  expliquer ce que je propose, encore et encore, expliquer et justifier, convaincre, emmener, embarquer, mettre toute mon énergie pour que les choses, on les fasse ensemble ; prendre la parole pour soutenir et soutenir et soutenir encore : que quelque chose naisse!, une image!, un texte!, un dessin!, une danse! ; me souvenir que somme toute, quand j’avais 17, 18, 19, 20 ans, la vie me semblait ouverte et un peu effrayante aussi, mais quand même, le monde du travail n’était pas encore aussi hostile que celui d’aujourd’hui – même si, il faut le dire, c’était déjà pas terrible.

Je n’aurais pas pû faire ce travail avant, quand j’étais plus jeune, je me serais trop énervée. Mais aujourd’hui, je trouve ça formidable, la richesse des échanges avec Brandon, Dylan, Yacouba, Paul, Didier, Kevin et Kévin, Matthieu et Mathieu, Rémi, Marie, Marie et Marie-Lis, Steeven, Julien, Guy, Martine.

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