Bénédicte et Isabelle sont parties dans le quartier du Clos Bellevue pour faire la « séquence des Pas-de-porte ». Sonner chez les gens, expliquer ce qu’on « fabrique », demander à la personne qui nous a ouvert de poser devant sa porte, de ne pas bouger pendant 20 secondes, on filme. Il est 14h, 15h, 16h, un dimanche très ensoleillé, très chaud, beaucoup de maisons vides, beaucoup de portes qui ne s’ouvrent pas. Et quand les portes s’ouvrent, ce n’est pas si évident aujourd’hui d’arriver jusqu’au moment où l’on propose de sortir la caméra, les refus arrivent vite.
Mais il y a au moins une porte réjouissante : celle de chez Roméo et Juliette. Même si c’est fermé, on est content de les savoir réunis.
Et il y a une dame, rencontrée dans la rue pendant notre « errance », qui nous dit que cet après-midi, c’est « exceptionnellement calme, d’habitude, ce n’est pas comme ça ». On lui parle du film-spectacle. Elle nous souhaite (comme on dit en Savoie) : « Tout de bon ». Du coup, on se dit que les portes s’ouvriront un autre jour, que les portes fermées, ce n’est qu’une histoire de circonstances. Et cette dame continue à nous parler : « Oui, exceptionnellement calme. Ce silence est incroyable. Je pensais à Alep, et je me disais que ce serait tellement bien si on pouvait leur donner un peu de ce calme-là. C’est étrange comment le monde est partagé. Il leur faudrait un tout petit peu du calme qu’on a ici. »