la culture, à quoi ça sert?

Il faut penser l’art et sa production (la création) dans un projet de société et non comme des pratiques localisées et circonstanciées variant au gré des enjeux. Il faut passer d’une vision d’une activité utilitaire à celle d’une production symbolique utile pour et dans la société. Il faut penser l’art, dans la culture, comme une activité où chaque être humain, c’est-à-dire social, peut mettre à distance, mettre en question, soumettre à la question les règles, formes, normes afin d’explorer ses propres représentations du monde, et les confronter. Proposer l’art comme outil de mise à l’épreuve de l’ordre du monde, donc comme outil d’émancipation, d’autonomie, de responsabilité individuelle et collective. Un domaine et une démarche démocratiques.

Si ce renversement n’est pas opéré dans les politiques publiques, ceux-là même qui ont pensé le travail de l’art comme déformatage, le retourneront en formatage, et ceux qui l’ont pensé comme émancipation, le retourneront en asservissement. La peur de faire peur en sera le premier pas. Et, au lieu de protéger des totalitarismes en général, du FN en particulier, cela leur ouvrira la porte. Largement.

La priorité, au plan local comme au plan national, doit être, non seulement, d’accompagner, mais, surtout, de susciter l’exploration, la création artistique, de même que l’ensemble de la vie intel- lectuelle. C’est sur cette base qu’il faut, quels que soient les moyens disponibles, penser – ou repenser – les politiques culturelles pour construire les fondements et conditions d’une action éducative, culturelle démocratique.

Michel Simonot , écrivain et sociologue

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.