La première journée, on a tellement discuté qu’écrire un texte avec tout ce qui s’est dit c’est impossible. On est enthousiaste. On a des idées et des envies à la pelle. On a des pistes à suivre qui partent comme des branche des arbres, suivre les arborescences. On se dit du poétique au documentaire et la fiction aussi. On a parlé de palimpsestes et de mises en abîmes. Du téléphone arabe et de méta-veillées. On a collé une nappe en papier sur le mur, pour dessiner l’organigramme anarchique de nos cheminements de pensées. Faut dire qu’on a vu le film de Godard sur le scénario de Passion. On a bu ça comme du petit lait. Et on a ri aussi – c’est succulent – et on a plein de pistes, parce qu’on s’y retrouve et qu’on s’y projette, et qu’on y rebondit.
On a parlé de l’adresse et de l’énonciation, qui on est et à qui on parle. Vers où on va. On a reparlé de Group Material, qui fait la culture et pourquoi ? On a parlé d’inclure. Etre inclusif. On a évoqué lien le sujet/objet qui devient sujet / objet-sujet / objet. Un mur, c’est fait pour sauter par dessus, nous a dit Godard. On va sauter d’un registre à un autre, on va jouer sur nos positions, acteur, personne, personnage, la fiction, le réel, le poétique, le politique.
On va se situer là, à l’intersection du réel et de la métaphore.
On a regardé la vidéo d’une présentation après dix jours de labo, en 2001, où Guy, Martine, Marie, et Kader jouent Cacodémon Roi de Bernard Chartreux.
Après, Martine a dit, c’est pas loin de ce qu’on a continué.
On a lu La chambre d’Isabella de Jan Lawers. Il y a des scènes entre Jérémie et Martine, des scènes de ménage, amant-maîtresse. Isabella est enceinte et ils doivent partir pour l’Afrique, avec Alexander. Guy est narrateur. Le livre tourne, ça hache le texte. Chère Isabella, maintenant que je suis mort, rien ne m’empêche de te raconter la vérité.
Et Un jour j’ai trouvé une balle en cuivre sur laquelle mon nom était gravé.
Et Alexander : Yippeeyahoo
Par exemple.