Lire, c’est vivre…

Martine, Guy et Marie sont partis rencontrer les personnes détenues qui font partie du cercle de lecture animé par Luc et Danielle. Ils se réunissent pour lire à haute voix des textes proposés par les animateurs bénévoles de Lire c’est vivre. Luc donne des explications sur les textes, historiques, philosophiques, des explications sémantiques, etc.

L’équipe d’HVDZ commence par expliquer son projet de veillée dans la maison d’arrêt. La spontanéité des Veillées classiques n’est pas possible ici car nous devons, pour ceux qui veulent bien être filmés, leur faire remplir deux autorisations de prise de vue , leur demander leur numéro d’écrou et leur faire signer une feuille d’émargement. Leur demander sous quel nom ou pseudonyme, ils voudront apparaître dans le film, leur demander pour apparaître sur internet, etc. Ici, Les enjeux en terme d’image de soi ne sont pas les mêmes.

Puis nous devons séparer le groupe en deux, des deux côtés de la table, ceux qui peuvent apparaître à l’image, ceux qui ne peuvent pas.

On est là 3H, on reste 3H, on les verra 3H. C’est finalement peu pour créer un lien et une confiance véritable, comme on peut le faire, petit à petit, avec notre groupe fixe, avec lequel nous travaillons depuis début mars, tous les mercredis.

Aujourd’hui, ils lisent Gradiva, Fantaisie pompéienne, de Wilhelm Jensen. Luc commence par leur parler de Freud. Puis ils entament la lecture à tour de rôle. Un calme et une écoute réelle s’installent.

On entend juste le lecteur. On est dans une bibliothèque…sauf que de temps en temps, les bruits de la prison se rappellent à nous : des bruits de barreaux, les douches que l’on entend et qui fuient dans la bibliothèque, les étagères ont du être bougées pour que les livres ne soient pas mouillés, des cris au lointain dans la cour de promenade.

Ils lisent, certains ne comprennent pas le texte, certains font très bien le parallèle entre Freud et la lecture de Gradiva.

Ils lisent, ils lisent à tour de rôle dans ce silence coupé.

Puis, on demande s’ils peuvent s’arrêter. On voudrait leur parler. Ils nous parlent de la lecture, ce que cela leur apporte. Nous sommes étonnés quand un jeune détenu nous dit que, lui, ce qui lui a fait aimer la lecture, c’est de lire Hamlet dans sa cellule. Il aime lire le théâtre, il aime Shakespeare. Avant la détention, il n‘avait fait ni vu de théâtre.

On passe ainsi la fin de la séance à parler de lecture, de la société, des discussions envolées…On part assommés et grandis, c’est sûr…

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