Nous avons scindé le groupe en 2. On se retrouve dans une salle similaire à la salle habituelle .
Je leur propose d’écrire un souvenir ou un rêve pendant que j’interwiewe l’un d’entre eux , I. vient s’asseoir tout de suite devant moi sur la chaise en mettant ses biceps musclés bien en avant . Je lui montre que le plan est très serré et qu’on ne verra que son visage . Il me propose de l’élargir un peu. Je n’avais pas remarqué l’inscription en craie rouge au dessus de sa tête « Merde à la Bac » je garde donc un cadre très serré .
Ibrahima fait six heures de musculation par jour parce qu’il trouve que c’est joli , joli pour lui mais aussi pour les autres vous voyez ce que je veux dire ? me dit-il
Moi : « Euh non « .
Bah pour les filles .
Les autres écoutent et sont très attentifs à ce qui se dit , aux questions posées à tel point qu’ils n’ont rien écrit du tout pendant la conversation avec I.
L’un deux me dit qu’il n’a pas de souvenir hormis des souvenirs flous alors j’insiste :même si c’est flou on devine des formes des mouvements, des anecdotes.
« Vous voulez me faire dire des trucs mais dans mon souvenir je vois le ciel flou ,que le ciel .Je peux vous raconter un truc qui s’est passé il y a un an ou deux mais je n’ai pas de souvenir d’enfance .
D’accord et les rêves tu te souviens d’un rêve ?
Non je fais des rêves noirs.
Des cauchemars ?
Non des rêves où tout est noir. »
Deux d’entre eux racontent directement un souvenir à la caméra et c’est S. qui se propose pour la conversation filmée.
S. parle de son parcours, des 2 années qu’il a passées en Algérie, de son goût pour la cuisine. Il a repris ses études là ou il les avait arrêtées et envisage une formation en cuisine. On retourne ensuite à la lecture des textes de Beckett. I. et H. en lisent un ensemble.
Ceux qui ne sont pas encore passés expriment leurs craintes de dire des « conneries » qui pourraient les desservir . Je les rassure en expliquant qu’il s’agit vraiment de les mettre en valeur .