Tu n’y pensais plus et trois fois rien te le rappelle

Les hommes se croient libres mais ils ignorent les causes qui les déterminent. Je crois qu’on n’échappe jamais-et Genet a écrit des pages magnifiques sur ce point- à la honte gravée dans le corps et l’esprit des « déviants » et qui devient constitutive de leur être même. La quasi disparition du marxisme dans le paysage politique et intellectuel dans les 80 et 90 a contribué à couper l’expérience du transfuge de classe de la possibilité de revendiquer comme sien ce dont l’accès à un autre monde lui a donné plus ou moins honte…
Ne pas croire à la « Lutte des Classes » ne signifie pas qu’on doive renoncer à percevoir l’évidence qu’il existe des luttes dans lesquelles les classes s’opposent, dès lors que vous renoncez à parler de classes et que vous opposez à cela, comme l’a fait le discours néo-conservateur qui a prospéré dans la gauche française dans les années 1980 et 1990, l’idée d’une « République » composée simplement d’individus « égaux en droit » où chacun doit s’efforcer de « vivre ensemble » avec les autres, dès lors que vous opposez à tout mouvement, la nécessité de restaurer le « lien social », le « monde commun », vous renvoyez ceux qui se sentent négligés et rejetés par une telle vision politique dans la frustration , la colère et… vous les poussez vers l’abstention, la guerre, ou le vote d’extrême droite (qui a su capter cette colère en la dirigeant contre les immigrés, alors qu’autrefois elle s’exprimait contre « les puissants », les « patrons » et contre la société capitaliste et l’oppression sociale).

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