Jeudi 16 avril au matin et vendredi 17 avril à 14h.(1)

Jeudi 16 avril au matin et vendredi 17 avril à 14h.
Nous avons rencontré Jacqueline.
Le texte qui suit est une addition de phrases sans chronologie ou logique précise. Elle n’aime pas tout ce qui est carré alors au moins ça Jacqueline ne m’en voudra pas.
Jeudi, nous nous promenons vers les cabanes en bois, toquons aux portes pour faire des portraits chinois: Si votre quartier était une recette de cuisine? et une chanson?
À l’avant dernière cabane vit une famille, celle de Jacqueline. Nous étions partis pour faire un portrait chinois avec elle, auquel il faut compter quelques minutes, finalement nous sommes restés presque une heure à discuter avec elle, et décidons donc d’un entretien filmé le lendemain à 14h chez elle. Ce bout de femme aux boucles d’oreilles en forme de jolies salamandres, a beaucoup « bourlingué » avec son conjoint: plusieurs années au Cameroun, six mois en Thaïlande avec les deux petites,… ils vivent tous les quatre dans cette petite maison de bois depuis maintenant une quinzaine d’années. Leur portail donne directement sur les trois fenêtres de la prison à travers lesquelles les prisonniers peuvent communiquer avec l’extérieur. Ils en auront vu des gens postés à leur portail pour pouvoir enfin échanger quelques mots, quelques musiques, quelques pleurs, avec leurs proches en prison. Des grands-parents qui ne rataient jamais leur rendez-vous quotidien avec leur petit-fils. La fiancée italienne enceinte, puis plus tard accompagnée de son (leur) bébé. Les voitures aux vitres teintées. Les copains qui viennent danser sur le toit de la voiture. Mais sa pudeur envers la vie des autres arrête Jacqueline, elle ne rentrera pas dans les détails de toutes les histoires qui ont franchies son portail. Chez elle, c’est un cocon! Objets gardés (son conjoint aime tout stocker, ça peut toujours servir), aquarium en duplex, Mila 6mois petite chatte grise et blanche à poils mis-longs, le cellier plein de bocaux: thé, épices, plantes, sucre roux,…, trois photos en noir et blanc prises au Cameroun: des portraits de jeunes camerounais, d’une maman et son bébé et d’une vieille femme, un coussin sur le canapé avec une photo de loup, un peu plus loin à côté la porte de la chambre des deux filles avec un calendrier accroché sur lequel il y a aussi un loup. Il y a de la couleur, de la vie. Cette maison est un bordel sain! On a envi d’y rester, prolonger la discussion autour d’un café et d’un thé. Elle travaille dans un centre pour les enfants. Elle emmène les enfants se balader dans la nature et faire du camping. Elle nous offre le dvd d’un réalisateur québécois qui a fait un magnifique documentaire sur sa fille atteinte d’une maladie génétique extrêmement rare, cette maladie touche une personne sur 65 000 environ. En voyant le documentaire ce dimanche après-midi, je comprends alors que cette petite fille était en fait venue passer près d’un an dans le centre de Jacqueline. Je me dis que ce film-documentaire, elle aurait pu le réaliser; je ne la connais pas mais la famille de cette petite fille et ce qu’a l’air d’être la famille de Jacqueline ont quelque chose de commun. Peut-être ce goût qui se ressent très fort pour la Vie, avec cette sensation que tout est possible. Elle nous dit que si elle changeait de métier elle serait prof de bonne humeur et de bon sens pour les enfants. Ne l’est-elle pas déjà?
Je sais pas les autres, mais moi je sors de chez elle avec des rêves et des envies plein la tête. Et encore plus après avoir visionné « Alphée des étoiles », cette splendide déclaration d’amour d’un papa à sa fille.
Alors merci Jacqueline et j’espère de tout mon coeur que sa famille et ses voisins pourront encore vivre plusieurs années dans les cabanes en bois. Parce que c’est quand même une chance de pouvoir habiter dans la cabane au fond du jardin où nous allions construire nos premiers rêves quand nous étions petits…

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