Dedans et dehors, et la soif d’apprendre

Quand on vit dedans, dans l’entreprise, dans La Redoute, on ne voit pas qu’il y a plein de choses dehors, on n’imagine même pas qu’il y a une vie possible dehors. Les années où ça allait bien, on a vécu dedans, comme dans une famille, le travail avait du sens, on allait travailler avec le sourire, on rigolait beaucoup, on était dans une bulle, je faisais mes « charlottes aux fraises » par trois, parce mes collègues les adoraient, on fêtait la Sainte-Catherine, on faisait des défilés à chaque sortie du nouveau catalogue : les employées et les employés de La Redoute portaient et défilaient avec la nouvelle collection. Et puis, après, on a vécu dedans comme dans une secte, avec l’impression que si on n’était pas dans La Redoute on n’existait pas, avec la peur de sortir de La Redoute parce qu’on pensait que rien n’était possible en dehors, que la vie n’était pas possible au dehors. Alors, quand il y a un mal-être sur le lieu du travail, il n’y a qu’une chose qui sauve, c’est la soif d’apprendre. La soif d’apprendre, ça aide à franchir le cap, ça aide à passer la frontière, ça aide à aller dehors. Et là, on reprend des études et on s’aperçoit qu’apprendre ça ouvre la porte à plein d’autres vies possibles.
Paroles de Badjia, qui a travaillé 27 ans à La Redoute, qui a trop d’énergie pour attendre la pré-retraite, qui est en train de devenir secrétaire médicale, qui vient d’obtenir un 18/20 à son stage, qui a commencé la rédaction de son rapport de stage et qui parle déjà de son voyage à Toulouse pour passer le dernier examen : ce sera le 3 juillet.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.