Au centre de ressources pour femmes de Beauport

C’est la fin des deux semaines, on commence à tout ranger pour aller s’installer demain dans la salle Monseigneur Delaval où on jouera samedi et dimanche. Il y a comme un air de fin, mais pourtant, il reste encore quelques personnes à rencontrer…
Martine et moi partons toutes deux faire cette dernière action. Un peu plus loin sur l’avenue Royale, à côté du Pharmaprix, on pousse la porte du Centre de ressources pour femmes de Beauport. Le centre existe depuis une vingtaine d’années mais il s’est récemment installé dans le locaux. Aline nous explique qu’elles n’ont pas beaucoup de temps car elles sont en pleins préparatifs. Nous, on s’installe et tout naturellement, on se met à discuter ensemble. Claudette explique « Le 6 décembre sera une journée importante pour les femmes ». Funeste anniversaire, c’est ce jour, il y a 25 ans qu’un homme est rentré dans l’école Polytechnique de Montréal et a assassiné plusieurs femmes. Sur les tracts qu’elle découpe, Yolande a écrit « Toutes ces femmes tuées ne pourront plus parler ». Elle découpe le carton, épingle un ruban, elle me le tend et mon ventre se noue. Echange de regards avec Martine, cette rencontre lui évoque le travail qu’elle mène en France avec un groupe de femmes victimes de violence. Elle parle de ces femmes, d’Aimer si fort, toutes sont à l’écoute. Claudette me dit qu’il est difficile de sensibiliser les gens à la violence. Ils savent que cela existe mais il ne veulent pas l’admettre. « Les médias camouflent le vrais problèmes et parlent souvent de drames passionnels ou familiaux.

On discute, les mots s’enchainent et on oublie qu’on a pas le temps. On parle des 1000 femmes autochtones qui ont disparu et personne ne fait rien parce qu’on trouve ça normal, du moins, pas dérangeant. On parle de double violence, de ces femmes battues qui sont souvent très vulnérables et encore moins conscientes du mal qu’elles subissent. On parle du nom de jeune fille que les femmes abandonnent en France. On parle aussi des deux Centres de ressources pour hommes qui existent dans la région, qui on été ouverts par une femme.

Claudette dit « Nos droits, il faut les garder, ne surtout pas les perdre, des femmes ce sont battues pour ça… »

Je regarde ces femmes qui s’activent dans la pièce. Louise et Francine peignent une grande banderole. Claudette, Aline, Lucie, Marie-Joseph, Yolande et Lucille coupent, collent, épinglent. Elles sont belles, leur dynamisme et leur engagement sont communicatifs, on a envie de s’installer et de se mettre à l’ouvrage.

Quand je demande à Claudette pourquoi elle est là, elle me sourit et me prend le bras, comme si la réponse avait toujours été là « Parce que je suis un femme ».

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.