Passer la Seine

Je viens de l’autre côté, de l’autre côté de la Seine, de l’autre côté de Paris. Banlieue Nord, banlieue Sud comme deux hémisphères. Je suis partie tôt, j’ai vu défiler des pavillons, des jardins, des immeubles de plus en plus grands, un petit bout de Paris, aperçu la Sacré coeur avant de m’engouffrer sous terre, faut pas déranger la capitale. Ressortie de l’autre côté, vu des usines, passé 1, 2, 3 fois la Seine, vu un homme qui faisait de l’aviron, un port, des bateaux, un cimetière, des bois au loin, une mosquée, 1, 2, 3 églises, des immeubles de plus en plus petits, retrouvé des pavillons et des jardins. J’étais de retour en banlieue, mais dans l’autre banlieue, à peine 50km et deux heures de trajets. J’ai passé un jour, puis un autre à l’autre bout de l’hémisphère sud, pour me rendre compte que j’étais au même endroit. Que le lieu du ban, prenait son sens d’un côté et de l’autre de la Seine. J’ai entendu: Paris est trop loin, Paris est trop cher, le train a toujours des problèmes, mais on est bien ici, on changerait pour rien au monde, même pour la ville d’à côté, ici c’est chez moi même si je viens d’ailleurs, ici c’est chez moi même si je viens de loin. D’où l’on vienne, on a bâti nos repères en même temps que les tours, cultivés nos références en même temps que les jardins. D’un côté comme de l’autre on se sent chez nous, en imaginant même pas pouvoir échanger nos places. D’où qu’on vienne et où qu’on aille, on reste des banlieusards. À Ris-Orangis, je me suis sentie chez moi, la banlieue est un village.

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