De porte en porte.

Quand j’étais enfant, je prenais des cours de clavecin avec un ami de mes parents qui s’appelait Pierre Serve. J’ai appris hier qu’il avait longtemps vécu à Bourganeuf où il était dentiste. Il ne pouvait pas avoir d’enfant et s’occupait amicalement de moi : il m’emmenait au cinéma voir ce que mes parents ce voulaient pas voir : Star Wars, James Bond…

Il a fini sa vie tragiquement en se jetant sous un train, il y a quelques années. Et là, en porte à porte, je viens de passer un quart d’heure avec une femme qui l’a bien connu. Elle ne veut pas poser en en pas-de-porte (être filmé trente secondes devant sa porte sans parler) parce qu’elle dit que ses enfants lui disent qu’elle a une tête de folle. Elle dit qu’ils doivent avoir raison, qu’elle n’était pas comme ça avant. Qu’elle a traversé une grave dépression. Je lui dis que ses enfants se vengent de sa dépression et qu’elle n’a pas une tête de folle. Elle a les larmes aux yeux, moi aussi, on se souhaite une bonne journée.

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