on collecte des histoires pour un livre qu’on fait avec l’office du tourisme de Lens Liévin et le théâtre anglais Strange Cargo (3)

Rencontre avec Serge Barrois

Lieu : les grands bureaux rue jean Souvray devenus l’université jean Perrin

Les grands bureaux ont été sauvés par les militants de la Cgt qui ont fait une chaîne humaine devant les bulldozers qui devaient les détruire. C’étaient les bureaux de la direction des Mines .On l’appelait le Château. Ils avaient construit une voie de chemin de fer qui rentrait directement dans le jardin .Pour venir de Paris, les actionnaires prenaient les voies de la Sncf puis les voies de la compagnie minière et arrivaient directement dans les jardins. Ils étaient reçus dans les salons comme à l’époque de Louis XIV et repartaient avec une enveloppe qui contenait les dividendes. Le château était entouré d’un mur de quatre mètres de haut donc on ne voyait rien.

Lieu :Les grands bureaux de Billy Montigny rue principale sur le site de l’ex fosse 2

C’était les vrais grands bureaux .Ceux de Lens c’était pour le prestige .C’est là ou les femmes de mineurs ont manifesté pour soutenir leurs maris dans la grève de Mai –Juin 1941.Une d’entre elles, Emilienne Mopty, a connu un destin tragique .Elle a été arrêtée , déportée en Belgique , puis emmenée en Allemagne à Cologne ou elle sera décapitée à la hache sur le parvis de l’église pour faire un exemple.

Lieu :10 rue des jardins A Lens

Ma maison était dans la cité des bas de soie, la plus belle de Lens. Tous ceux qui habitaient en bordure de la rue étaient des employés des Mines qui étaient chouchoutés. Celui qui était pas dans les clous se retrouvait au fond du terrain. Le cul de ma maison donnait sur le canal de Lens .C’est la rocade maintenant. Au rond point d’Eleu c’est là que les péniches faisaient demi tour. Mon terrain de jeu c’était les montagnes de sable et de cailloux le long du canal. Mes parents étaient tous les 2 au parti communiste On était mal vu dans ce petit coin bourgeois je n’avais pas le droit de jouer avec certains enfants .les parents étaient venus sonner à la porte pour dire à ma mère: « Je ne veux pas que mon fils joue avec les communistes . »

Lieu : place de la république Lens

Quand j’étais jeune c’est là qu’avaient lieu tous les grands évènements lensois : le cirque, la ducasse. La foire aux manèges c’était un évènement majeur. Au fond de la place de la République y’avait un bistrot.J’étais en train de jouer avec des enfants de mon âge quand on a vu débouler un gars en vélo qui n’a pas réussi à s’arrêter et qui est tombé dans l’eau. Les mariniers l’ont récupéré avec leurs perches ,l’ont ramené au bistrot, l’ont réchauffé en lui donnant une bistouille. Il a repris son vélo , a remonté la rue, a fait demi-tour et s’est re- jeté dans le canal et là ils ont appelé la police.

Lieu :Le cinéma L’Apollo en face de la gare de Lens

La façade est classée .C’était le lieu de rencontre de toute la jeunesse du secteur, j’y ai connu ma première épouse. On allait au cinéma, on allait voir n’importe quoi c’était plus pour voir les filles et puis il y avait les bistrots tout autour .Le plus célèbre c’était le Caron ,les autres n’ont jamais connu une telle embellie. C’était un point de rencontre avant de partir pour la soirée en discothèque ou au bal a Hénin ,à Bully ou à Sallaumines.
Celui qui avait une voiture emmenait les autres.

Lieu : La place du Cantin à Lens

Au Moyen Age, le château s’arrêtait de l’autre côté du boulevard qui traverse et il y avait une sortie débouchant à cet endroit où les chevaliers s’entrainaient a frapper sur un mannequin qui tourne .Ils venaient poser leurs affaires sur cette place dans des cantines. Avec la déformation, cette place est devenue place du Cantin.
Au coin de la rue de Lille et de la place, la maison était une petite supérette qui appartenait à la ccpm (coopérative centrale du pays minier) qui était gérée par le parti communiste. On y trouvait de tout à des prix intéressants.
Dans les années 50, c’était encore différent, c’était le paternalisme qui était installé. Il fallait tout apporter à la femme. Ils considéraient que la femme ne devait pas sortir. Ma grand mère vivait à crédit en permanence. Elle appelait ça, un fond de roulement. A la quinzaine, elle repartait à l’ardoise .

Lieu : la maison syndicale du mineur 32 rue Casimir Beugnet à Lens

Maison de l’avant garde de tout.
Les congés payés de 1936 : les mineurs ont eu les 8 jours de congés payés dès 1907.
Les 40 heures hebdomadaires : les mineurs les ont eu dès 1907.
L’interdiction de faire travailler les femmes la nuit : les mineurs l’ont obtenu dès 1907.
En 1946 à la naissance de la sécurité sociale, les mineurs vont se créer leur propre sécurité sociale minière et se doter d’ un système de soins exceptionnels.

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