pluie et neige mêlées

L’idée, ce serait de marcher et de ne plus jamais s’arrêter, certain qu’un jour on atteindra l’horizon. Ou mieux, on s’en moque, ce qui compte, c’est d’arriver tous les soirs quelque part. A La Panne, ou en Corse, à Florence, à Venise, à Rome. Ou ailleurs. A Quend, à Blériot-Plage, à Tétéghem. Ostende, Bruges. Marcher sur le bord d’une route, d’une voie ferrée, d’une voie de tramway en sens inverse de la circulation avec l’idée, qu’on sera reconnu. Qu’on embarquera vers un nouveau rivage. Au début, ne pas se sentir très à l’aise. Une fois de plus se demander ce qu’on fait là, parce qu’il fait froid et qu’on a mal à la tête et les yeux en feu. Pas envie de tourner en rond. Prendre alors le chemin à contre sens, sûr qu’on va quelque part, maintenant, parce que justement on ne t’ attendait pas là. Dans ce sens-là. L’idée de la surprise, de l’étonnement te redonne de l’entrain. Et tu accélères le pas. Tu fais attention à ta façon de marcher parce que marcher, c’est quelque chose, c’est une danse. Comme une musique répétitive de Philip Glas. Tu es Einstein on the beach à toi tout seul ou le regard du sourd.  Ou Travis dans Paris Texas. Tu fais bien attention, au bord de la route mais tu connais le plaisir des voitures qui te frôlent. Tu te méfies du tram (pour qu’il ne te roule pas dessus). Tu regardes les rails de près, observes les éclisses. Sont elles toutes bien vissées ? Tu prends plaisir à aller à la rencontre des autres dont tu n’es plus sûr du tout qu’ils arriveront de ce côté. Tu es prêt à aller loin de ce côté-là. Tu remontes le cours. Tu es sûr que c’est la bonne direction. C’est de ce côté là qu’il fallait aller. Remonter le courant (de la vie, des origines). Tu le sens dans ton corps. C’est difficile, c’est dangereux mais, plus c’est difficile, plus ça procure de la joie. Encore faut-il être capable de joie ! En chemin tu te dis que tu es bien là. Une voiture s’arrête et t’emmène. Il y a de ça une heure, tout te semblait absurde et si dérisoire. Tu sais que tu fais marche arrière. C’est dans ce sens là que tu te sens bien.  Tu es tellement content d’avoir trouvé ton chemin, à rebrousse-poil que tu te dis que forcément, ça va bien se passer. Tu n’es plus triste.

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