Au marché, ce matin, on a rencontré la fille du gabarier. C’est comme ça qu’elle se présente. Je suis la fille du gabarier. Le gabarier, c’est celui qui conduit la gabare, une embarcation fluviale à fond plat et à voile, qui reliait les ports de la Gironde.
La fille du gabarier vend, sur les marchés, des pulls marins en laine vierge. On lui a donné une invitation pour la veillée. Elle nous a raconté qu’elle avait travaillé longtemps dans la culture, qu’elle était administratrice de compagnies, qu’elle faisait de la diffusion, de la production de spectacles, mais qu’elle avait arrêté, qu’elle s’était lassée.
On a parlé longtemps de la culture. C’est quoi la culture ? Qui en décide ? Est-ce qu’elle ne s’est pas trop éloignée des gens ? Elle raconte qu’en 1998, quand il y a eu la coupe du monde de foot, elle était à Avignon, pour le festival. Elle dit que c’était la première fois qu’elle voyait les jeunes des banlieues d’Avignon dans les rues, dans cet Avignon du festival, que le fossé entre ce qui s’autodéfinit comme étant LA Culture et les cultures populaires est trop grand, qu’il faut se remettre en question. Elle dit qu’elle ne regrette pas d’avoir quitté ce milieu, qu’elle aime ce qu’elle fait. Quand je vends ces pulls là, je vends toute une culture populaire qui va avec. Le pull rayé, en laine, ça évoque des histoires, de la mémoire personnelle et collective. C’est un engagement, faut s’accrocher, pour vendre des produits de qualité, pour que ces cultures là, aussi, ne disparaissent pas.
Et puis on a rencontré un militant du parti communiste, avec qui, aussi, on a parlé de culture et puis d’éducation. Il dit : j’entends dire qu’on va à grand pas vers l’autoritarisme, mais on y est déjà ! personne ne s’en rend compte, mais on y est.
Merci de ces petites approches en touche et bonne continuation…peut-être à vendredi…