Harvey m’a raconté la matinée du jeudi 13 juin

Je sais pas par où commencer. Quand je suis arrivé ce matin, je me suis égaré, j’ai tourné en rond avant d’arriver ici. Au chapiteau, il y avait une réunion information pour tout le monde, pour dire ce qu’on devait faire aujourd’hui. Moi, je devais faire la veillée. On s’est préparés, puis on est partis dans le même bâtiment qu’hier, celui de Magdalena. On était nombreux, je dirais douze ou même quinze. On a fait des équipes. Y’avait l’équipe de Léa, l’équipe de Guénolé, l’équipe de Maggie et Martine. J’étais dans l’équipe de Léa. On a fait du porte à porte. Le porte à porte, ça veut dire plusieurs choses : on sonne à la porte des gens, pour distribuer de la publicité ou vendre des calendriers. Nous, on a pas fait ça, on a sonné pour poser des questions et filmer les réponses : Votre quartier vous fait penser à quel genre de recette de cuisine ? Ça c’était la première question. La deuxième question, c’était presque la même chose que la première, mais on demandait pour une chanson ou une musique. Si votre quartier était une musique, vous choisiriez quoi ? C’était quand même beaucoup de suspense. Y’avait une dame, la dernière qu’on a vue, elle nous a dit Juliette Gréco, parce que Juliette Gréco chante depuis longtemps, et les immeubles existent aussi depuis longtemps. On a distribué des espèces de tracts dans les étages. C’était agréable de participer, de rencontrer les personnes. Mais il fallait faire quand même attention, quand on était trop, ça terrifiait les gens. Y’en avait qui nous disaient qu’ils avaient pas trop le temps, qu’ils devaient faire du ménage ou d’autres choses. Pour la dernière interview, il y avait un bébé avec ses parents. Il a souri. On était tous contents. Ensuite, on a recroisé l’autre moitié du groupe dans l’escalier, la moitié de Guénolé. Les autres, Didier et Léa, on les avait perdu depuis belle lurette. On a discuté dans le couloir, j’ai trouvé ça un petit peu… comment dire ça… pas très… comment on dit ? Pas très respectueux. Ça dérangeait les gens. On est descendus, on s’est encore séparés, on a fait une autre interview : celle de Michel. Mais comme il avait du mal à parler, quelqu’un d’autre parlait pour lui. Et toi ? Qu’est-ce que tu en as pensé ?

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