Une oeuvre est toujours idiomatique car l’idiome c’est le défaut de la langue, l’incision.Ce que Dérida avait appelé un chibolette, un défaut de prononciation. L’idiome est un défaut dont le poète fait qu’il le faut (la faute de Françoise que Marcel transforme en une merveille de la recherche du Temps Perdu). La langue ne parle que comme défaut. A faire défaut. C’est comme ça qu’une langue est poétique. Une langue est poétique ou elle n’est pas…
Tout l’art est de près ou de loin de l’ordre du mystère et des pratiques mystagogiques. L’art serait devenu la religion des parvenus, qui sont venus après la mort de Dieu. L’art ne s’oeuvre comme une oeuvre que si l’on y croit. La croyance se différencie en chapelles dogmatiques. A quoi est ce que nous tenons dans l’art ? Cela nous tient parce que c’est une passion. L’art suppose des pratiques, du soin, des curés, des curateurs, des officiants, des offices où il faut communier. L’art rencontre les mêmes problèmes que la religion. Une oeuvre ne nous ouvre que pour autant qu’elle nous affecte quand elle fait saillance, qu’elle indique un autre plan que son existence, du mystagogique, de l’improbable, de l’indémontrable. En tant que mystère, l’oeuvre initie à un autre plan, elle est une adresse, une destination. Ce plan n’est pas celui de l’existence, bien qu’il ne vienne pas d’un au-delà (Dieu est mort)…