au fil de l’eau

On a fait le tour de l’étang, rencontré dans le froid et le vent, des pêcheurs courageux. L’étang de pêche a été élargi l’année dernière. Les pêcheurs viennent une fois par semaine taquiner le gardon et la truite. lls y passent la journée. On peut pêcher du lever au coucher du soleil. C’est moins intéressant la pêche en mer à causes des algues toxiques. Il y a beaucoup de gens qui se promènent autour de l’étang. Après avoir salué les pêcheurs, on a discuté avec une marcheuse qui au quotidien quitte le centre de Châtelaudren pour partir sur les chemins de randonnée dans les alentours du village. Elle a dans le temps travaillé au Petit Echo de la Mode. Onze ans exactement. Elle a dû partir en 1983, lors des derniers licenciements. Elle a senti le vent tourner un an avant de partir. Sa mère a été licenciée en même temps. Son père qui travaillait aussi dans l’imprimerie a pris sa retraite un peu avant. Elle a énormément souffert de devoir quitter l’imprimerie. Elle n’a plus jamais retrouvé de travail stable. Des contrats de quelques années puis des années d’intérim. Aujourd’hui elle est à un an de la retraite. Après avoir longtemps fait des ménages, elle travaille maintenant à l’aide aux personnes âgées dépendantes. On n’a pas vu le temps passer. On a longuement parlé. F. nous a dit combien la souffrance qu’elle a subie d’avoir été traitée comme une moins que rien était profondément indépassable. C’est la négation d’une personne. On n’a l’impression qu’on n’a servi à rien et qu’on ne pourra plus jamais servir à rien. Et on ne peut plus croire personne.

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