Le foyer des jeunes travailleurs

Au foyer des jeunes travailleurs, au début, on dirait que personne ne va venir nous voir. Alors en rigolant, Aurélie, l’animatrice, dit à Anthony, Florian, Goksel et Gaëtan qu’elle va les enfermer avec nous dans la salle informatique. Les murs sont tendus de rose légèrement saumon et on sent que les grandes tables protègent un peu de la rencontre. On explique ce qu’on fait là, et de silencieux qu’ils étaient au début, les quatre jeunes gens se mettent à hocher la tête, à tendre l’oreille. Leurs joues se colorent. Quelques rires fusent. C’est comme un atterrissage en douceur, sans à-coups, sur le sol de leur foyer. Didier commence assis, finit debout, en faisant de grands gestes pour accompagner ses phrases. Quand on leur propose de raconter à la caméra leurs premières impressions sur Aubusson, alors qu’ils arrivaient de Limoges, de Bordeaux, de Guéret, de Vierzon, on comprend qu’ils ont trouvé ici une chaleur, des racines, un chez-soi, un endroit où on est soudés. Quand on leur propose de dire une citation, on sent que les grands mots des grands auteurs se mettent à parler leur langue à eux. Simon, qui est rentré dans la pièce pendant qu’on discutait avec les quatre autres, délivre, sans autre commentaire, sa phrase à la caméra, d’une traite. On ne doit prendre conseil que de celui qui n’en donne aucun. Quand on leur propose le portrait chinois, on commence à avoir envie de faire plein de choses avec eux, jusque tard dans la nuit. En savoir un peu plus long. Sous leur réserve commencent à émerger des mondes dont ils parlent à demi-mot. Pour finir, on leur propose de faire Godot. Alors devant les portes vertes du hall, ils n’hésitent pas à jouer la colère, à taper du poing sur la table, à hausser la voix, avec un sérieux digne de Gogo lui-même.

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