Portrait # La Chesnaie (St Nazaire)

Maggie et Didier sont avec Paulette, quelqu’un de très connu dans le quartier. Elle est venue nous rendre visite cet après midi à l’Espace Civique. Didier et Maggie l’ont tout de suite emmenée dans une petite salle pour réaliser un entretien filmé. Il est 17H19, on avait prévu de diffuser des images à l’extérieur mais le temps ne s’y prête vraiment pas.

Les gens que je rencontre sont tout simplement là :
Ces quelques rues à partir du boulevard
Ce mois de février si pluvieux, et non le joli mai aux promesses de baignades
Les gens que je rencontre ne cherchent pas à être reconnus
Ils racontent leurs petits bonheurs, lire à la bibliothèque, courir au bois Joaland
Et non désir de gloire et besoin de pouvoir
Les gens que je rencontre sont disponibles et vrais
Ils aident les enfants de ceux qui n’ont pas le temps
Ils ne disent pas qu’ils savent, mais juste ils accompagnent
Les gens que je rencontre cherchent à vivre ensemble
Et sans chercher le sens
Ils tricotent, ils dessinent, ils dansent avec ceux qui sont là, trois, dix ou bien vingt, c’est égal pour eux
Les gens que je rencontre ont leurs habitudes, leurs mots, leurs gestes,
Ils disent leur plaisir que l’on soit là pour eux
Les gens que je rencontre je voudrais les connaître

On a passé le début d’après-midi avec les jeunes du club de jeunes de l’OMJ, installé à l’espace civique. Caroline et Estelle nous ont accueilli et on a rencontré: Tiffen, Alison, Emilie, Elisa, Anthony, Thomas, Kyllian, Wendy, Johanna Lionel et Erwan. La rencontre était  prévue, ils devaient nous accompagner pour une visite dans le quartier à la recherche de leurs lieux préférés. A 14 heures, il pleuvait très fort alors on a pris le temps de parler un peu au club avant de sortir, faire l’inventaire des lieux qu’on allait voir avec eux: la balançoire, le terrain de basket, l’ascenseur et l’escalier du 8ème étage du bâtiment 1 rue des ajoncs, et puis le club de jeunes bien sûr. On a demandé dans quels autres endroits, même hors quartier, ils aimaient passer du temps.  Ils nous ont répondu: l’hôpital! Le hall est grand et puis on peut y acheter des barres au chocolat. Plus classiquement ils aiment aussi la plage, l’été ils vont à la Courance. Erwan dit: « mais la Courance c’est pas à Saint-Nazaire! » Marie lui rétorque que si, Saint-Nazaire ça va jusqu’au Jaunais, juste après les Jaunais, c’est Pornichet. Erwan l’admet, même si Marie n’est pas de Saint-Nazaire. Thomas, lui, aime aller à Porcé, il dit s’y être baigné la semaine dernière. On est tous très étonné, avec ces jours de tempête… « Enfin, dans les semaines dernières…il y a longtemps quand même! » Emilie dit  » En ce moment c’est pas possible, y’a trop de vent, en venant j’ai failli m’envoler. »

Le soleil brille ce matin sur la Chesnaie. Plus de nuage, le ciel est bleu. Plus de vent, le doux soleil parvient presque à nous réchauffer. Nous partons avec Jérémie et Annabelle à la rencontre des habitants, faire du porte à porte.
Caméra sur l’épaule, tracts dans les poches, appareil photos dans le sac, prêt à jaillir à la moindre occasion.
On a commencé par la tour, juste devant le QG. On croise des gens dans l’ascenseur, contents de prendre le tract.
9ème étage, Jérémie se rend compte qu’il n’aura pas de recul pour installer sa caméra. On sonne quand même à la première porte. C’est un homme qui ouvre, il est en pyjama, 35-40 ans, des lunettes et des charentaises. J’étais persuadée qu’il allait nous refermer la porte au nez, nous dire d’aller voir ailleurs. Jérémie lui a demandé s’il pouvait nous apporter un objet qui compte pour lui, qui le représente, auquel il tient… Il paraissait vraiment timide, c’est à peine si on le voyait derrière sa porte… Il est parti quelques minutes, nous laissant dans le couloir. Il a réouvert la porte et là…il nous a tendu un cadre avec une photo de lui et de son épouse à leur mariage. Wahoo…
Il nous a dévoilé une sacrée partie de son intimité. C’est comme s’il avait ouvert sa porte en très grand et nous avait fait rentrer chez lui. J’ai été vraiment touchée par ce moment.
S’en sont suivis d’autres. J’ai été touché de voir tant de personnes ouvrir leur porte avec une espèce de méfiance au départ qui se transforme en sourire sincère une fois la démarche expliquée.

J’ai été touchée par cet homme qui ne trouvait pas, qui ne voyait pas quel objet nous montrer… qui, par dépit, nous a mené vers sa machine à bois et une mallette d’outils qu’il a confectionné lui même. Ces objets c’était carrément lui, sa passion. Trop proche pour que ça ne lui soit pas venu tout de suite à l’esprit.

En tout cas, je suis vraiment ravie d’avoir vécu cela. Plutôt de nature réservée, je me rends compte que quand je prends un peu sur moi, que quand j’ose, les portes s’ouvrent et je découvre des gens formidables qui me montrent des choses superbes. Ils ouvrent leur porte en toute simplicité.
Ce matin, j’ai vécu des moments de partage très intenses… Ca fait un bien fou !!!!