Zahra, Aïcha, Aldjia, Safia et Yvonne,

A l’atelier d’alphabétisation de la maison de quartier des bois blancs, quatre femmes, Zahra, Aïcha, Aldjia, Yvonne et Safia, apprennent le français avec Rabia.
Conversations croisées sur les parcours et les histoires.
Zahra est arrivée en France en 1971, après son mariage. Elle aime bien ici. Elle dit il manque ma famille, c’est tout.
Zahra, Aïcha, et Safia sont marocaines. Il y a aussi Yvonne, qui vient du Surinam et Aldjia qui est algérienne.
Aïcha est aux bois blancs depuis onze ans. Elle a six enfants. Son beau père et sa belle mère vivent avec eux.
Didier demande pourquoi elles viennent à cet atelier, pourquoi elles veulent apprendre le français : pour pouvoir parler avec le médecin, l’hôpital, le dentiste, et tout. Pour ne pas toujours passer par le mari.
Safia est arrivée il y a dix ans dans le quartier. Elle vient de Ouarzazate. Elle a six enfants, cinq qui vivent avec elle, et l’aîné, qui est majeur, est resté au Maroc.
Entre elles, elles parlent de tout et de rien, la maison, les maris, les enfants, le temps. Elles n’ont pas trop de relations avec des femmes d’ici. La barrière de la langue limite beaucoup les rencontres.
Yvonne dit que la vie n’est pas facile pour elle, avec quatre enfants, dans vingt mètres carrés, et un loyer bien trop cher.
Aldjia est originaire de Tizi Ouzou, au bord de la mer. C’est le petit paradis. Elle est arrivée en 2001, elle a deux enfants et elle retourne en Algérie deux mois par an.
Aïcha va au Maroc quand elle peut, quarante jours à chaque fois. Zahra y reste six mois, un an, de temps en temps. Safia y va chaque année pendant un mois ou deux. Tout lui manque. La famille, le soleil.

pour être heureuse

A l’espace famille on nous a raconté qu’il y avait autrefois un ours. Un monsieur qui avait un ours. Et une dame qui avait, sur son balcon, des poules et des canards.
Il y avait beaucoup de commerces, de magasins, de bistrots. Il y avait un restaurant associatif, pas cher, où beaucoup de monde allait.
A l’Espace Familles, les femmes sont généreuses et donnent de leur temps pour des repas solidaires, pour des actions avec le secours populaire, pour les personnes âgées.
On demande à l’une d’elles :
Pourquoi vous faites du bénévolat ?
Et elle répond :
Pour être heureuse !

errer un peu

On se dit que les grafs du quartier sont particulièrement beaux. On sourit en voyant que l’un d’eux est signé Aloucherie.
Il y a peu de monde dans les rues. Il fait encore froid malgré le soleil, mais c’est agréable de se promener.
Martine monte. Il y a déjà des heures de film. Pendant ce temps, Didier et Anne Sophie sont à l’atelier d’alphabétisation et au club des aînés. Jérémie a fait des images au fil des rues du quartier. Travelling à la main. Et il a croisé Antoine, Guy et Flora qui allaient à l’espace famille, puis qui sont ensuite passés à la maison de quartier avant de rentrer au QG.

la joyeuse élève

En première heure une classe – composée en partie de primo-arrivants – a joué Godot, malgré la difficulté d’être devant la caméra, malgré la difficulté de la langue. Une joyeuse élève, après la fin du cours, a croisé Didier deux fois dans les couloirs et deux fois, a crié : « Du calme ! du calme ! »