Aimer si fort deux jours avant

Encore une journée de répétition, une journée de filage complet et tout… Le spectacle dure 1H57. Donc on ne fait pas d’entracte parce que ça n’est pas nécessaire. Ce serait rallonger la sauce pour rien. Le spectacle est particulièrement fatigant et après chaque représentation les interprètes sont à bout de force. Dire que ce mardi, on joue deux fois. Deux derniers essais intégraux et ensuite c’est la première : jeudi 6/11/13 à 20h puis jeudi 7/11/13 à 20h et vendredi 8/11/13 à 20h30. Le spectacle va faire beaucoup parler. L’écriture d’Angélica Liddell est très radicale et peut mettre mal à l’aise dans ses excès. Mais c’est le rôle des personnages de théâtre, comme dans les tragédies antiques qui engendrent la mimésis et la catharsis. Les personnages peuvent produire de l’empathie ou de la répulsion. Tout dépend ensuite comment cela nous est servi. Les personnages peuvent créer le trouble ou la colère. Ou on peut s’y reconnaître pleinement. C’est pour ça qu’on a choisi cette pièce parce qu’on se reconnaît (tout ou partie) dans les personnages que dépeint Angélica Liddell.

Aimer si fort un dimanche après-midi

On a repris les répétitions ce dimanche après le break de samedi. Tout le monde est très fatigué, il faut donc se préserver. Le spectacle est très physique, il y a cependant beaucoup de textes puisqu’on joue la quasi intégralité du texte d’Angélica Liddell. Mais le texte ne se limite pas à celui de l’auteure puisqu’on rajouté des textes des acteurs et inventer dans la pièce deux personnages qui n’existent pas dans la pièce originale, Angélica, elle-même et sa traductrice interprétées par Clémentine et Sophia. On a fait une belle répétition cette après midi. On en a profité pour améliorer les éclairages. On est rassuré car le mur est solide et ne risque pas (à priori) de s’écrouler pendant le spectacle. Le spectacle à l’heure qu’il est dure deux heures, peut-être un peu moins. Nous n’avons jamais fait un spectacle aussi long mais on ne s’y ennuie pas (du moins le croit-on). Les séquences sont très contrastées et rythmées. Il y a du cirque, de la danse et du théâtre. Au service du propos d’Angélica Liddel. Comment rapporter ce qui est universel, la violence faite  aux femmes, à l’intimité d’une personne ? A la différence de la mise en scène d’Angélica Liddell, nous avons constitué (pourrait-on dire) un choeur de femmes. Mais elles sont toutes différentes et individualisées. Neuf femmes et deux hommes. Pour une nouvelle création. Un nouveau spectacle qu’on crée à Douai avec l’Hippodromme, Culture Commune, le théâtre de St Nazaire et le Bateau Feu de Dunkerque.

Ceux dont on ne parle pas assez

Stéphane pinard est médiateur culturel il est employé par le conseil général pour favoriser l’accès à la culture des gens qui en sont éloignés. Il est constamment en train d’inventer des projets pour favoriser les rencontres.On l’avait côtoyé à Monchecourt lors d’un portrait de village il y a quelques années et on l’a retrouvé pendant la Veillée de Dorignies. C’est lui qui a favorisé notre rencontre avec les habitants de la maison-relais ou il a constitué un groupe de spectateurs. Cette semaine il est venu assister aux répétitions d’ « Aimer si fort » avec un groupe essentiellement composé de femmes qui ont discuté avec les interprètes du spectacle.
De ce moment Stéphane a écrit.
Un instant, le spectacle vivant se fond dans la réalité sociale, culturelle?

Hier à cette fin de journée accélérée par le changement d’heure, à l’entrée du bar de l’Hippodrome des femmes échangent autour d’un théme: la violence, vécue, écrite, intreprétée par des femmes de tout horizons. Deux hommes sont perdus dans cette réalité amplifiée par la force du spectacle vivant.

L’amour qui est à la fois, doux, ravageur, inquiétant, cauchemardesque. C’est de tout ça que ces artistes et ces femmes, fortes de leur histoire et DEBOUT parlent.

Un mur du silence se brise

Ce sont leur mots face au texte d’Angélica Lidell,

Je suis bouleversé par cette expérience, un silence peut se lever dés lors que des interstices entre des actions culturelles, artistiques et une réalité sociale s’ouvrent. Intelligence des mots, honnêté des personnes et des espaces d’expression sécurisés permettent que des femmes osent, partager leur souffrances parfois intimes, mettre des mots sur leur ressenti et leur vécu, se sentir moins seules, agir?
L’art comme vecteur de partage, d’ouverture et d’émancipation, pour tous. Agissons éclairés!

Je suis bouleversé par ma conscientisation de la responsabilité qu’impose mon travail face à cette réalité des femmes rencontrées, dés lors que nous acceptons de regarder les choses en vrai.

Voilà en quoi je suis aussi grisé aujourd’hui. Que la création AIMEZ SI FORT, puisse rendre une part de visibilité, de conscientisation, d’expression à toutes celles et ceux qui ne veulent plus voir.

Que serait notre travail si tous ces passeurs qu’on appelle médiateurs ou relations publiques qui sillonnent le territoire toute l’année , qui travaillent dans des lieux ou toute la reconnaissance va à l’artiste, n’étaient pas là. Peut être ne resterait -il dans les théâtres que des spectateurs avertis ?Peut être que les théâtres seraient vides? L ‘art vivant n’existe que par la rencontre. Il n’ y a pas d’art sans lien alors merci à ces tisseurs de lien..

Se reposer avant d’ Aimer si fort

Jour de break avant Aimer si fort à Douai. On aura du monde et ça fait plaisir. Hier on a pris le plateau vers 11h après l’échauffement dans la petite salle du théâtre. Et puis on a dansé. Ensuite tous assis en rond sur le plateau pour faire le détail et la circulation des accessoires. Et on a mangé. Puis on a repris. D’abord la mise, mettre en place tous les éléments avant le début du spectacle et ensuite filage technique. On a revu  encore la scène intitulée Ne me quitte pas… Et répété tous les textes. Fin de journée. Rangement du plateau. Remettre le mur debout. Nettoyage du plateau. Avec le poussière de charbon et de brique, c’est très sale. Ça rappelle les Sublimes et Base 11/19, le sol était en tourbe qui, sous l’effet de la chaleur des projecteurs, se transformait en poussière. C’est vraiment galère pour la technique et tous les techniciens-magiciens !