Au détour d’une rue, de retour de la résidence du Booteland, nous croisons Antonio qui vivait là bien avant la construction du quartier. il y vit plutôt seul, ne fréquente guère la maison de quartier ni les réunions car il vit très bien seul mais il aime ce coin de ville et son calme. Il se souvient de ses jeux d’enfants dans les watergangs qui étaient là bien avant les immeubles d’aujourd’hui et particulièrement du jour où une grenouille qu’il pourchassait finit par le faire tomber dans l’eau. Son visage s’éclaire quand il se souvient. Quand il nous quitte il dit encore une fois dans un sourire : « ah, cette grenouille… » Un quartier c’est aussi cette part invisible des gens, la mémoire, ombres et lumières de l’enfance, et les mille échos indicibles des visages,des paysages, des instants qui nous tissent et qui nous peuplent. Derrière le visage de n’importe quel quidam croisé au hasard d’un trottoir, il y cet océan d’instants qui ne se résume pas et dont parfois au hasard d’une rencontre, à travers le silence anonyme des rues, on capte briévement le scintillement. Une chance.
