À la médiathèque, l’équipe s’active comme si chaque geste devait compter. On les voit à travers les grandes baies vitrées de la salle de travail, silhouettes en mouvement dans un ballet sans chorégraphie, mais avec une précision née de l’habitude et de l’envie de bien faire. Ça coupe, ça grave, ça colle. On déplie des planches, on vérifie des tirages, on ajuste une date, on recommence un détail qui n’allait pas. Il y a des allers-retours rapides, des échanges brefs, des mains qui tiennent, déplacent, alignent. Rien n’est laissé au hasard. On sent que les dix ans approchent.
Les deux prochains jours seront ceux de la préparation, du dernier affinement, du soin porté à ce qui devra tenir debout ce week-end. Ils veulent que tout soit juste. Que tout soit à la hauteur du lieu, du travail accompli, des visages qui passeront, des souvenirs qui vont se croiser. Ils n’attendent pas des applaudissements. Ils espèrent seulement cette sensation particulière que donnent les choses faites avec conviction: la fierté silencieuse de ceux qui ont porté quelque chose jusqu’au bout.
Derrière les vitres, leur agitation ressemble à un langage. Une organisation sans discours. On devine la concentration, la patience, parfois un éclat de rire pour alléger une tension. Chacun trouve sa place dans cette effervescence. Il y a ceux qui préparent l’affichage, ceux qui règlent la technique, ceux qui anticipent les imprévus. La salle se remplit petit à petit de signes du week-end à venir: des images, des câbles, des outils, des notices, et ce mélange particulier de sérieux et d’enthousiasme.
De l’extérieur, on observe. On se tient un peu en retrait, mais avec une tendresse particulière pour ces gestes-là. Pour cette énergie qui circule entre eux. Pour cette manière qu’ils ont de transformer une préparation en moment partagé. On les regarde et l’on comprend qu’ils sont prêts. Qu’ils ont hâte. Qu’ils sont fiers.
Et que, grâce à eux, les dix ans de l’Atelier Média auront le visage qu’ils méritent.
