Avant l’image, la voix

Ce matin, l’équipe s’est installée dans l’auditorium de la médiathèque, celui où le film sera projeté. Les voix entraient dans un lieu encore vide, encore neutre, un espace qui attendait d’être habité. Rien n’était projeté à l’écran, et pourtant le film semblait déjà là, en creux, dans l’air.

On imagine les micros posés, les câbles ajustés, le léger souffle des premiers essais. On devine les regards échangés avant qu’une voix ne se lance, un peu hésitante peut-être, comme si elle devait d’abord mesurer la taille du silence. Ces voix avaient une tâche particulière: expliquer ce qu’aucune image ne montrait encore. Dire le pourquoi, le comment, l’élan qui avait donné naissance au documentaire.

Les phrases devaient poser les fondations: l’intention, la démarche, la façon d’entrer dans la ville, de la regarder, de l’écouter. Elles décrivaient ce qui avait été vécu, ce qui avait été traversé, ce qui avait motivé chaque pas, chaque arrêt, chaque rencontre. Sans image, les voix dessinaient déjà une forme, un rythme, une direction.

Dans l’auditorium, tout devait résonner différemment. Les sièges vides, l’écran muet, les murs sombres absorbaient les paroles, les rendaient plus nettes, plus nécessaires. On imagine les visages concentrés, l’attention à peine visible, la précision de chaque reprise pour trouver la bonne tonalité, la juste cadence.

Sans être présent, on peut presque entendre ces voix. Elles n’expliquent pas seulement un film: elles l’ouvrent, elles l’annoncent, elles l’installent. Avant que la première image ne s’allume, elles donnent déjà au récit son souffle.

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