On pousse à fond les moteurs de notre petite embarcation dans la tempête, les bourrasques et les vagues hautes. Pas un jour qui ne passe sans son lot de questionnements, d’interrogations, de pensées fondamentales. Sans qu’on s’aventure un peu plus loin dans la mer déchaînée. Hier matin, dans le bureau du capitaine du C.C., le bateau amiral de la flotte du 11/19, on a redéfini les stratégies de co-construction, avec les gens du quartier, par le biais des jeunes gens qui rejoindront nos expéditions.
Dans l’après-midi, trois heures d’éducation populaire sur la biodiversité, avec Marie Décima, écologue au 11/19. On sait maintenant où nous vivons. On en sait bien davantage sur celles et ceux avec qui nous vivons. On a voyagé tout l’après-midi dans notre monde le plus proche. Pris conscience que la biodiversité, c’est la condition essentielle de l’existence de tous et toutes. De notre espèce, en particulier, menacée, pour la première fois depuis la nuit des temps, de disparition. Marie Décima nous a bien dit que nous n’en étions malheureusement qu’à un début de prise de conscience. Mais elle est passablement optimiste. Les choses peuvent encore évoluer dans le bon sens.
Cependant on a terminé la rencontre sur un point de folie industrielle et criminelle, pourquoi a-t-on autorisé qu’on sonde le bassin minier du Pas de Calais, à Houdain, Divion, Avion pour y chercher du gaz de schiste (ou de houille), ce qui va polluer à jamais nos nappes phréatiques, déjà fort mal en point, après 150 ans d’exploitation minière et les dégâts écologiques considérables causés par l’utilisation des armes chimiques pendant la première guerre mondiale ?
Aurions-nous définitivement, secrètement, décidé d’en finir avec nous-mêmes, de mourir comme ces rafiots abandonnés, au soleil brûlant, sur la mer d’Aral ?